Bilan

Exportations 2015 : une année difficile

Rencontre à la Librería francesa de San José, Costa Rica. - Photo Ramón Mena Licairac

Exportations 2015 : une année difficile

Les fragilités persistantes des marchés belge, canadien et allemand, et la baisse des opérations des bailleurs internationaux en Afrique font reculer de 1,7 % les ventes de livres français à l’étranger même si l’activité croît en Suisse, en Espagne, aux Etats-Unis ou en Chine.

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Par Fabrice Piault
Créé le 25.03.2016 à 00h30 ,
Mis à jour le 25.03.2016 à 08h15

Après avoir stagné en 2014, à + 0,5 %, les exportations françaises de livres accusent en 2015 un recul de 1,7 %, qui contraste avec l’embellie (+ 1,8 %) constatée sur le marché hexagonal pendant la même période (1). D’après les statistiques douanières retraitées par la Centrale de l’édition, elles se sont réduites à 679,97 millions d’euros, contre 692,08 un an plus tôt, en dépit d’un redressement des ventes dans les départements et collectivités d’outre-mer (Dom-Com, + 3,9 %), comptabilisées par les douanes parmi les exportations.

Le recul persistant des exportations vers la Belgique et le Canada, 1er et 3e clients de l’édition française dont ils absorbent respectivement 25,4 % et 11,3 % des ventes à l’étranger, n’est pas pour rien dans cette contre-performance. Les exportations vers la Belgique ont encore reculé de 2,5 % l’an dernier, après avoir chuté de 7,4 % en 2014. De même, l’activité vers le Canada, un marché resté mal orienté l’an dernier (2), s’est contractée de - 1,2 % en 2015, après un - 4,4 % l’année précédente. Dans les pays les plus développés, l’activité de l’édition française a aussi dégringolé en Allemagne (- 27,1 %), dont le marché domestique s’est par ailleurs dégradé en 2015, et qui régresse du 4e au 5e rang des meilleurs clients du livre français, derrière le Royaume-Uni, ainsi qu’en Italie et aux Pays-Bas.

Dynamisme en Suisse

En revanche, soutenues par une parité euro-franc suisse qui leur sont favorables, les exportations françaises continuent de progresser en Suisse (+ 11,2 %, et + 8,9 % en moyenne lissée sur trois ans), deuxième client de la France avec 17,7 % de part de marché. Elles connaissent aussi une forte augmentation aux Etats-Unis (+ 17,7 %), qui se hissent du 10e au 7e rang des principaux acheteurs de livres français, en Espagne, au Luxembourg, en Pologne et même en Turquie.

Hors de l’Europe et de l’Amérique du Nord, l’année 2015 est d’abord marquée par un effondrement de l’activité en Afrique francophone (- 28,3 %) en dépit de la croissance des ventes en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Cameroun, les trois principaux débouchés africains du livre français. "C’est entièrement lié à une grosse baisse des appels d’offres éducatifs lancés par les bailleurs de fonds internationaux, telle la Banque mondiale, dont les budgets ont diminué", commente Olivier Aristide, directeur général de la Centrale de l’édition, qui pointe une exception au Niger (+ 320,6 %). La situation n’est guère meilleure en Afrique non francophone (- 6,7 %).

Au Maghreb (- 3,6 % malgré une embellie en Tunisie, vers laquelle l’export de livres français s’inscrit en hausse de 6,7 %) et au Proche-Orient (- 7,1 %), c’est plutôt le climat politico-économique et l’incertitude qui affectent les ventes de livres français. Elles s’effritent en Algérie (- 1,4 %), chutent au Maroc (- 8,3 %) ainsi qu’au Liban (- 3,2 %), déstabilisé par l’arrivée massive de réfugiés syriens.

Ailleurs dans le monde, l’édition française réalise encore des contre-performances en Europe de l’Est (- 27,2 %) et notamment en Russie (- 36,6 %), seul client encore vraiment significatif de la zone. En Amérique latine (- 0,7 %), l’amorce d’un redressement des ventes de livres français enregistré au Mexique (+ 24,4 %) est annihilé par les régressions dans un Brésil en crise (- 11,9 %) et en Colombie (- 5,2 %). L’activité française recule également de 10 % en Haïti.

Bonnes ventes en Chine

Le livre français résiste cependant en Asie (+ 4,5 %), même si l’activité s’y concentre sur une poignée de pays. En 2015, les ventes des éditeurs de l’Hexagone se sont tassées au Japon (- 2,5 %) et ont chuté à Taïwan (- 13,1 %). Mais elles ont fait un bond en Chine (+ 46,8 %), en Corée du Sud (+ 17,4 %) et à Singapour (+ 20,5 %) et se sont bien tenues à Hong Kong (+ 1,1 %).

Au total, néanmoins, les exportations de livres français continuent de se concentrer toujours plus dans l’espace francophone. En 2015, Dom-Com compris, la francophonie a absorbé 74,2 % des ventes de l’édition française à l’étranger, contre 73,7 % en 2014.

(1) Voir notre bilan annuel dans LH 1070, du 29.1.2016, p. 20-22.

(2) Voir "Québec : pourquoi la panne ?", dans LH 1067, du 8.1.2016, p. 30-32.

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