C'est lui qui avait déclaré qu'à l'avenir tout le monde aurait droit à son quart d'heure de célébrité - intuition formidable du désir d'hypervisibilité que traduisent aujourd'hui la télé-réalité et les réseaux sociaux. L'œuvre d'Andy Warhol atteindra sans problème les trois-quarts de siècle de gloire. C'est que Warhol a révolutionné la façon de faire de l'art, puisque depuis, tout le monde peut en faire. Avec lui s'opère le décloisonnement absolu, on a affaire à la dé-hiérarchisation radicale - plus de high ni de low, même faire du fric, chez lui, c'est de l'art, il l'appellera business art.
Le pape du pop art américain qui s'est rendu célèbre notamment par des sérigraphies chamarrées de stars est lui-même devenu une icône, avec son regard allumé et sa sempiternelle perruque coupe au bol blond platine. Conformément à l'esprit de la collection « Icônes » aux éditions Les Pérégrines, il ne s'agit pas tant ici d'une biographie à l'ambition synthétique qu'un point de vue très personnel de son auteur. Éric Loret avoue qu'avant une expo où il vit les œuvres en vrai, il pensait que, comme pour Hopper, la carte postale valait mieux que l'original. Si Warhol c'est de l'image reproductible à l'infini, la démarche n'est pas banale. C'est au prisme warholien que l'essayiste poursuit ainsi sa propre réflexion sur l'image, immobile ou en mouvement- le cinéma y prend sa part- et par des biais qui l'intéressent particulièrement, telle la sexualité de l'artiste. Mais on le lit avec délices surtout pour son ton, le style de Loret, vif, radical, singulier, loin de l'image d'Épinal.
Warhol
Les Pérégrines
Tirage: 2 500 ex
Prix: 16 € ; 160 p.
ISBN: 9791025205426