"Que de coups de cœur dans cette rentrée !" s’exclame Florence Lorrain, à Paris, tandis que Sophie Todescato, à Orléans, observe "la montée en puissance d’une nouvelle génération d’auteurs". A Chambray-lès-Tours, témoignant d’une hausse générale du nombre de nouveaux romans lus par anticipation par les libraires pendant l’été, David Goulois assure avoir lu près de… 70 nouveautés parmi les 581 répertoriées par Livres Hebdo pour la rentrée littéraire 2017. Rarement les libraires ont été aussi enthousiastes sur leurs lectures depuis 2005, année où Livres Hebdo a structuré son palmarès annuel des romans de la rentrée préférés des libraires.

L’équilibre littéraire et commercial de l’offre éditoriale de la rentrée 2017 explique dans une large mesure cette bonne humeur. Reportant plusieurs titres initialement programmés au printemps, qu’ils craignaient de voir passer inaperçus dans le contexte électoral chargé, les éditeurs ont, par contrecoup, consolidé leur programme d’automne. Si l’on en croit les libraires, ils font mouche. "Dès fin août-début septembre, les gens étaient là, curieux et prêts à nous suivre sur nos coups de cœur", se félicite encore Florence Lorrain.

Le palmarès Livres Hebdo des romans de la rentrée littéraire préférés des libraires reflète cette confiance dans la qualité de la production. Avec Sorj Chalandon, numéro un au palmarès des romans français, ils couronnent un auteur dont ils apprécient de longue date le travail, pour un livre sombre, à haute tension dramatique. De même, Colson Whitehead, qui sort de l’ombre à son septième roman, est placé en tête du palmarès des romans étrangers pour un titre violent, sans concession, sur la ségrégation raciale. Au-delà, côté français, les libraires offrent une reconnaissance à des auteurs qui, telle Alice Zeniter, mènent un travail de fond, ou qui, comme Miguel Bonnefoy, n’en sont qu’à leur deuxième roman. Côté étrangers, ils affirment leur mission de découvreurs en plaçant dans le top 20 neuf auteurs traduits pour la première fois. De vrais choix.