Jamais le monde du polar n’avait connu un tel bouleversement. On a assisté cette année à un mercato, entraînant un jeu de chaises musicales qui a entièrement redessiné le paysage de l’édition de romans policiers en France. Le départ d’Aurélien Masson de la "Série noire" (Gallimard) - qu’il dirigeait depuis 2004 pour créer ex nihilo une collection de polars aux Arènes, et dont le premier titre signé Dominique Manotti a été publié le 21 mars - a marqué les esprits. Son remplacement en septembre par Stéfanie Delestré, venue d’Albin Michel, a offert un double symbole: elle vient du milieu - on lui doit notamment la réédition des livres de Jean Meckert - et, parce qu’elle est une femme, apporte une aura supplémentaire à la collection mythique créée par Marcel Duhamel. De quoi alimenter les discussions dont raffole le petit monde du roman policier.
Le phénomène s’est amplifié en février quand Marie-Caroline Aubert, grande figure de l’édition de polars, a annoncé son départ du Seuil pour la même "Série noire", côté romans étrangers cette fois-ci. "Rivages/Noir", autre collection mythique, suite au départ à la retraite de son fondateur François Guérif (qui continue à suivre certains de ses auteurs comme James Ellroy et Dennis Lehane), est désormais codirigée par Jeanne Guyon, qui travaillait à ses côtés depuis 1995, et Valentin Baillehache, venu de 10/18. Trois éditrices ont pris en charge les polars français: Gwenaëlle Denoyers, qui s’occupait du "Poulpe" chez Baleine, est arrivée pour "Cadre noir" au Seuil, Caroline Ripoll a remplacé Stéfanie Delestré chez Albin Michel, et Caroline Lépée a quitté XO pour Calmann-Lévy. Tandis que Marie-Anne Lacoma, est partie de Gallmeister pour seconder Pierre Fourniaud à La Manufacture de livres, et chez J’ai lu, Zoé Niewdanski occupe le poste de Caroline Lamoulie, désormais chez Plon.
Une affaire de femmes
Ce mouvement s’accompagne d’une féminisation de la fonction. Alors que le polar a longtemps été un monde d’hommes, amateurs de "cigarettes, whisky et petites pépées" pour citer Peter Cheyney, le genre s’est ouvert aux femmes à la tête des maisons comme dans le lectorat. Loin des clichés où on voudrait les enfermer, ces éditrices ne se cantonnent pas aux thrillers psychologiques mais élargissent le champ du roman noir. Stéfanie Delestré et Marie-Caroline Aubert, aux commandes de la "Série noire", en sont la preuve. "Le gang des éditrices", selon Télérama qui leur a consacré un article, se retrouve désormais à la tête de nombreuses collections.
Outre Stéfanie Delestré et Marie-Caroline Aubert, Jeanne Guyon officie donc chez Rivages, Lilas Seewald veille aux thrillers de Bragelonne, Caroline Ripoll aux polars d’Albin Michel, Gwenaëlle Denoyers à ceux du Seuil, et Marie Eugène à ceux de Fleuve éditions. Tandis que Frédérique Polet, directrice éditoriale du domaine étranger des Presses de la Cité, Anne Michel, éditrice de la littérature étrangère d’Albin Michel, Caroline Lépée responsable du domaine français de Calmann-Lévy, Béatrice Duval, directrice de Denoël, Marie Leroy à La Martinière, Florence Lottin chez Pygmalion, ont un large périmètre, qui inclut les polars. D’autres ont lancé leur maison comme Estelle Durand et Claire Duvivier, qui ont créé Asphalte (2009), Sophie de Lamarlière, désormais seule aux commandes de Mirobole (2012), fondé avec Nadège Agullo, partie créer la maison qui porte son nom en 2016. Enfin, plusieurs femmes pilotent les domaines noirs du poche comme Carine Fanius, directrice éditoriale du pôle poche (Pocket et 10/18) avec Charlotte Lefèvre (directrice éditoriale adjointe Pocket et 10/18) et Camille Racine (éditrice, Pocket), Constance Trapenard (Le Livre de poche), Elsa Delachair (Points), Carla Briner et Violaine Chivot (Le Masque), Zoé Niewdanski (J’ai lu).
Le renouvellement se fait aussi générationnel car ce sont des trentenaires qui tiennent désormais les rênes du secteur. Chez Lattès-Le Masque, Carla Briner et Violaine Chivot ont respectivement 34 et 32 ans; Camille Racine (Pocket) et Elsa Delachair (Points), sont âgés de 33 ans; Constance Trappenard (Le Livre de poche), Charlotte Lefèvre (Pocket et 10/18), Valentin Baillehache (Rivages), 34 ans, Marie Eugène (Fleuve éditions), 35 ans et Caroline Ripoll (Albin Michel), 37 ans, pour n’en citer que quelques-uns(e)s. C’est une génération, qui a fait ses classes dans l’édition: Carla Briner a travaillé avec Nina Salter, éditrice de Patricia Cornwell et Ruth Rendell, Caroline Ripoll et Stéfanie Delestré avec Joëlle Losfeld, et Stéfanie Delestré et Gwenaëlle Denoyers ont dirigé "Le poulpe" chez Baleine.
Nouvelle génération
Le noir attire parallèlement de nouveaux acteurs qui participent à son renouvellement. Outre Les Arènes avec "Equinox", Leduc.s se lance avec "Charleston noir" (des thrillers psychologiques), les éditions du Mont-Blanc avec "Mont-Blanc noir", dirigée par Lionel Besnier (qui a veillé sur "Folio noir") tandis que les éditions de Saxus démarrent leur catalogue avec des thrillers. Certaines collections ont aussi changé de look. Sous la houlette de Stéfanie Delestré, le format de la "Série noire" a légèrement diminué. "Equinox" joue sur les deux formats: un grand et un petit pour les livres "coups de poing". Le toulousain Cairn a revu son offre et lancé en février "Polar Cairn", dédiée au roman noir sous un nouveau format et une nouvelle identité graphique. Pygmalion, depuis l’arrivée de Florence Lottin, et La Manufacture de livres (pour toute la fiction) se sont offert de nouvelles couvertures, comme Belfond - avec des photos pleine page "hors des codes couleurs du polar" - et le Cherche Midi, qui décline les nuances de gris. "Il fallait unifier pour être mieux identifié. On ne veut plus être dans une niche mais sur la table", commente avec humour Pierre Fourniaud, fondateur de La Manufacture de livres.
Pour tous ces éditeurs, il s’agit de renouveler l’offre éditoriale pour séduire les jeunes et se distinguer dans une production pléthorique. Ils se positionnent plus sur le domaine français, la littérature étrangère coûtant plus cher pour des ventes en baisse. Une nouvelle génération d’auteurs émerge donc, biberonnée aux séries télévisées et qui a le sens du rythme et du suspense. "Si les auteurs français sont influencés par les Anglo-Saxons et les ateliers d’écriture, ils apportent une touche originale. Gabriel Katz, auteur d’un thriller fantastique, La nuit des cannibales, y a glissé de l’humour, sans desservir le genre ni le rythme de la narration", confirme Florence Lottin, directrice éditoriale de Pygmalion. Vincent Hauuy, dont le très remarqué Tricycle rouge, prix VSD-RTL, est concepteur de jeux vidéo - Le brasier paraît le 5 avril chez Hugo Roman ("Hugo thriller"). "Les auteurs français ont fait des progrès considérables depuis dix ans. Ils se sont remis à raconter des histoires et s’inscrivent plus qu’avant dans le romanesque", souligne Caroline Lépée, responsable du domaine français chez Calmann-Lévy. "Emelie Schepp, qui voulait être scénariste, a écrit un texte séquencé, rythmé avec beaucoup de dialogues, à l’opposé du polar nordique atmosphérique", confirme Sabrina Arab, éditrice notamment du polar pour HarperCollins. "Ces écrivains se rendent compte que leur liberté de créer est un peu bridée par le scénario et que le roman permet de maîtriser tous les points de vue", ajoute Caroline Lépée, qui cite les polars de René Manzor et de Niko Tackian, tous deux scénaristes. Comme Benoît Philippon qui signe Mamie Luger aux Arènes ("Equinox").
Ancré dans la réalité
"Le true crime" vient toujours nourrir le genre. "Les jeunes auteurs écrivent des polars marqués par le réel, avec une approche pragmatique et documentée, et se rapprochent en ce sens de la grande tradition française du roman noir", explique Elsa Delachair citant La mésange et l’ogresse d’Harold Cobert, qui s’inspire de l’affaire Fourniret. "Les auteurs de romans policiers ont un rapport au réel plus fort que les auteurs de blanche. En ce sens, l’expérience du réel donne matière à littérature", ajoute l’éditrice de Points, qui précise que plusieurs auteurs sont par ailleurs journalistes, à l’instar de l’Italien Valerio Varesi. Mais il faut aller au-delà de l’enquête journalistique pour faire de la littérature. "On reçoit pléthore d’enquêtes sur le fils du préfet et sur la corrupion des élites qui ne vont pas loin, parce que les auteurs ne prennent pas la peine de donner une dimension sociologique. On les oublie aussitôt lues. Les livres qui retiennent mon attention relèvent d’une problématique contemporaine et de l’enquête journalistique sur des thèmes comme l’Indochine, l’Afghanistan, l’Algérie, relativement peu traités", déclare Stéfanie Delestré, qui vient de publier Ma zad de Jean-Bernard Pouy et Plus jamais seul de Caryl Férey, roman d’actualité puisque le héros Mc Cash est confronté aux migrants en Grèce. Elle croit aussi beaucoup en Thomas Cantaloube, reporter à Mediapart, qui a écrit sur la France pendant la guerre d’Algérie. HarperCollins alimente la vague italienne avec Giuseppe Di Piazza, journaliste au Corriere della sera, et son premier titre La nuit appartient aux amants, situé dans le Palerme des années 1980; Rivages annonce Adlène Meddi, journaliste à El-Watan, et son 1994 sur l’Algérie des années 1990 (septembre); les Presses de la Cité ont découvert le journaliste canadien Iain Reid (Je sens grandir ma peur, avril) et Privat défend Jean-Yves Tournié (Meurtre au presbytère, juin), ex-journaliste au Parisien et à L’Indépendant.
Retrouvant les racines du roman noir, le polar d’aujourd’hui reste ancré dans la réalité et dans la société contemporaine. Sous la houlette de Marie Eugène, les polars français "en phase avec le questionnement de la société contemporaine" se font remarquer chez Fleuve éditions: Sébastien Meier, dans Les casseurs d’os, imagine un héros journaliste enquêtant dans les milieux LGBT; et Louise Mey revient avec son héroïne et sa brigade dans Les hordes invisibles, et la confronte au cyber-harcèlement et aux violences faites aux femmes. "J’aime ces personnalités interlopes qui ont de multiples talents et n’ont pas l’obsession d’être auteur. Ils sont moins individualistes, ont le souci du collectif, envie de créer, de fédérer, veulent toucher un large public. Sans compter qu’ils sont multimédias et multiplient les expériences : Sébastien Meier a même adapté sa langue et essayé d’être équitable dans son écriture (il utilise "ielles", accorde avec le dernier genre utilisé), non pas par opportunisme mais par souci de justice", raconte Marie Eugène. "J’ai un coup de cœur pour la tétralogie de Sara Lovestram et son détective émigré iranien sans papier qui enquête en Suède. Elle traite du milieu LGBT avec beaucoup d’intelligence. C’est à la fois du polar, du thriller et du roman social", explique Camille Racine. "Il y a toujours une dimension de critique sociale, inscrite dans la réalité d’aujourd’hui. On est loin du mythe américain du néo-noir", ajoute Aurélien Masson. Rien d’étonnant à ce que l’on retrouve au clavier des flics, des commissaires, des avocats et toutes les professions en lien avec le crime et la justice (voir encadré ci-dessous).
Evénements
Le renouveau de cette année passe aussi par des découvertes, primo-romanciers ou premières traductions. Le best-seller La femme à la fenêtre de A. J. Finn (Presses de la Cité) est un premier roman acheté par 38 pays et par la Fox pour le cinéma. Rivages ne proposera pas moins de sept nouveaux auteurs en 2018: outre Adlène Meddi, William Bayer, l’Argentin Ernesto Mallo, qui raconte Buenos Aires sous la dictature, l’Ecossais Alan Park et même le cinéaste Brian de Palma. La collection "Rouergue noir" inscrit trois nouveaux à son catalogue: Gilles Sebhan, et deux primo-romanciers, Valentine Imhof et Ronan Gouézec. "Equinox" fait découvrir les deux premiers romans de Thomas Sands et de Patrick Michael Finn. Viviane Hamy a lancé en février Eric Todenne (Un travail à finir) en "Chemins nocturnes", qui fête ses 25 ans, un pseudonyme qui cache deux auteurs mystérieux… XO a fait découvrir Nicolas Beuglet, dont il publiera Le pacte en mai, et vient de publier un thriller écrit à quatre mains par Nicolas d’Estienne d’Orves et sa mère, Natalie Carter, Le silence et la fureur. La Martinière défend le premier roman de Sébastien Dourier (Cool killer, septembre). "Actes noirs", qui s’est fait remarquer à l’automne dernier avec le Hongrois Totth Benedek (Comme des rats morts), présente les Américains Tom Bouman (Dans la vallée décharnée, février) et Gina Wohlsdorf (Sécurité, juin), l’Albanaise Anila Wilms (Les assassins de la route du Nord, février).
Pour aider le lecteur à prendre en main ces livres d’auteurs dont ils n’ont jamais entendu parler, les professionnels du secteur créent des événements. Les prix littéraires ou les animations, parfois organisés par les éditeurs eux-mêmes, se multiplient. Robert Laffont lance le prix des Libraires Bête noire pour lequel les libraires reçoivent une sélection et éliront leur lauréat en mai. Il existe aussi un prix VSD-RTL de "Hugo thriller", qui vient d’être décerné à Amy Lloyd pour son premier roman, Innocente ; et le prix Découverte polar-Sang-froid, organisé par le magazine du même nom chez Nouveau Monde éditions, est remis cette année à Benjamin Dierstein pour La sirène qui fume (5 avril). Le Livre de poche est partenaire de Kobo (Fnac) pour le concours d’écriture "A la découverte des talents de demain", qui a couronné le thriller Il est toujours minuit quelque part (paru en février chez Préludes), organise le Tournoi des mots, des joutes verbales pour faire redécouvrir Agatha Christie et Georges Simenon, et introduit une nouvelle catégorie dans son prix des lecteurs: le Choix des libraires polars. "Nous lançons aussi une opération "Boosters" avec le quotidien 20 minutes, qui mettra en avant dans les librairies et les grandes enseignes nos coups de cœur à l’écriture singulière comme Niko Tackian, Camilla Grebe, Vincent Hauuy et Clare Mackintosh", précise Constance Trapenard, responsable des polars de la maison. Pocket a aussi choisi de mettre en avant "Les nouvelles voix du polar" qui seront choisies par des libraires et des lecteurs "avec une sélection de titres parfois peu identifiés en grands formats que nous souhaitons faire découvrir comme Le dernier message d’Eva de Pierrick Gazaignes, Rendez-vous au 10 avril de Benoît Séverac ou Lux de Maud Mayeras", commente Camille Racine.
L’événement pour pousser de nouveaux auteurs peut aussi être le passage en poche. "Le poche peut appuyer les auteurs et en sortir de nouveaux comme Valerio Varesi chez Agullo. Nous avons une politique d’achats auprès des jeunes maisons d’édition : ce sont nos terrains d’enquête privilégiés car elles échappent à la politique de groupe", renchérit Elsa Delachair. Et de citer Tokyo vice de Jake Adelstein, premier titre des éditions Marchialy, vendu à 30 000 exemplaires en poche: "C’est évident qu’il va devenir un long-seller et un livre de référence sur le journalisme immersif", commente-t-elle. Lorsque l’auteur choisit un cadre original pour son action, c’est parfois plus facile pour se démarquer, comme ce fut le cas avec L’homme de Kaboul de Cédric Bannel, présenté comme un "polar exotique", ou pour Snjór de l’Islandais Ragnar Jonasson, qui a atteint les 100 000 ventes. Cette année, Elsa Delachair ambitionne d’installer Christophe Guillaumot, dont le héros est commissaire de police à Toulouse, et, en 2019 la Britannique Eva Dolan et ses Chemins de la haine, sur les immigrés (tous deux parus chez Liana Levi). "Autrefois, on avait des collections segmentées par genres. Ce n’est plus le cas, et chaque titre suscite un débat : est-ce un roman noir ?, analyse Elsa Delachair. En fait, le genre se vend très bien parce qu’il a un potentiel important de transformation."
Le roman policier en chiffres
Meilleures ventes: la revanche des Français
Dominées par Guillaume Musso et Fred Vargas, les meilleures ventes en polar font la part belle à la fiction française. Un appartement à Paris dont les deux héros partent à la recherche de tableaux disparus, prend la tête du palmarès. Tandis que Quand sort la recluse s’installe à la 3e place. Michel Bussi reste un "gros vendeur" avec six titres: Le temps est assassin (5e), On la trouvait plutôt jolie (10e), Maman a tort (22e), Nymphéas noirs (34e), Un avion sans elle (36e) et Ne lâche pas ma main (47e). Bernard Minier le suit avec 5 titres: Nuit (17e), Une putain d’histoire (24e), Glacé (30e), Le cercle (42e) et N’éteins pas la lumière (45e). Sans oublier Franck Thilliez (Rêver et Sharko), Pierre Lemaitre (Trois jours et une vie) et Jean-Christophe Grangé (Lontano).
Les polars français luttent avec les best-sellers internationaux comme La fille du train (2e) et Au fond de l’eau (15e) de Paula Hawkins, Origine de Dan Brown (4e), Millénium 5 : La fille qui rendait coup pour coup (6e) et Millenium 4 : Ce qui ne me tue pas (14e) de David Lagercrantz. Aux côtés des poids lourds que sont Harlan Coben (2 titres), Camilla Läckberg (2 titres), Mary Higgins Clark (3 titres), on retrouve aussi les habitués des meilleures ventes tels que Arnaldur Indridason, Michael Connelly, Patricia Cornwell et Lisa Gardner. La seule surprise vient de deux auteurs étrangers, qui ont élargi leur lectorat grâce au format poche: l’Islandais Ragnar Jonasson avec Snjor (Points) et la Britannique Clare Mackintosh avec Te laisser partir (Le Livre de poche).
Le poche reste le format favori des amateurs de polars. Comme en 2017, il représente 34 des 50 titres de la liste (36 en 2016). Pocket est toujours leader avec 15 titres, suivi de près par Le Livre de poche (12 titres). Les autres sont loin derrière: Points (4 titres), "Babel noir" (2 titres) et Fayard avec le prix du Quai-des-Orfèvres, décerné cette année à Sylvain Forge, pour Tension extrême (voir encadré, p. 10).