Des subventions indispensables

Benoit Yvert , Perrin - Photo Olivier Dion

Des subventions indispensables

Il devient de plus en plus difficile de publier des livres d'histoire savants, ou à tout le moins exigeants, sans aides du CNL ou cessions de droits, qui conditionnent de plus en plus souvent la rentabilité d'un titre.

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Par Charles Knappek
Créé le 26.09.2019 à 23h39

Rester rentable en vendant moins. L'équation est connue de tous les éditeurs d'histoire. Qu'il s'agisse des aides du Centre national du livre (CNL) ou d'une autre institution (université, centre de recherche, musée...), les subventions deviennent vite incontournables dès lors qu'il s'agit de publier un livre d'histoire « érudite ». Ces financements extérieurs peuvent représenter jusqu'à 60 % des coûts de fabrication d'un titre. Pour autant, ils ne conditionnent pas, ou à la marge, la stratégie des éditeurs. « L'aide est toujours bienvenue, mais c'est un bonus. Je ne demande jamais de subvention avant qu'un projet ne soit entièrement ficelé », explique Xavier de Bartillat, P-DG de Tallandier. « Nous décidons de nos publications sans tenir compte d'une aide éventuelle, confirme Benoît Yvert, directeur général de Perrin. Savoir qu'une aide existe ouvre le champ des possibles et permet de rendre l'ouvrage financièrement plus accessible au public, ce qui favorise sa démocratisation. » La part des titres soutenus par le CNL reste faible dans le total de la production. Sur 26 titres publiés en 2018 par Fayard, seuls 6 en ont bénéficié. Perrin ou Tallandier indiquent recevoir des aides du CNL pour 4 à 5 livres par an.

Equilibre

Ces dispositifs sont essentiels à l'équilibre d'un grand nombre d'ouvrages. Pour La nature et le roi, histoire de l'environnement sous le règne de Charlemagne paru début septembre, Albin Michel a bénéficié à la fois de l'aide du CNL et de son homologue belge. « Cela nous a permis de fixer son prix à 25 euros, indique Hélène Monsacré, directrice du département sciences humaines. Sans aide nous aurions dû le proposer à 45 euros. Nous l'avons tiré à 2 500 exemplaires, ce qui correspond à sa cible. » De la même manière chez Flammarion, la directrice littéraire Mary Leroy indique que le soutien du CNL a été « indispensable » à la parution de la biographie de Guillaume le Conquérant, notamment en raison des coûts élevés de traduction. Chez Fayard, plusieurs titres parus en 2018 ne dégagent un bénéfice que parce qu'ils ont reçu cette aide ou ont vu leurs droits cédés à l'étranger. « On ne peut pas dire que le livre d'histoire soit sous perfusion, affirme Sophie Hogg-Grandjean, directrice littéraire. Mais il est certain que pour de gros livres illustrés avec des coûts de fabrication élevés et traitant de sujets exigeants, le CNL est indispensable. »

Avec ou sans aides, et compte tenu de la difficulté à maintenir un niveau de vente élevé, les éditeurs regardent de près les coûts de fabrication, notamment quand il s'agit d'intégrer des illustrations. « On réfléchit sans doute plus qu'avant quand il est question d'intégrer un cahier hors-texte, concède Xavier de Bartillat. Je reste attaché au cahier photo, même si certains pensent que c'est une fantaisie coûteuse, mais j'y ai moins recours que par le passé car le coût est très élevé en termes de recherche iconographique, de droits ou de papier. » 

26.09 2019

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