A 61 ans, c’est un patron de choc qui prend le contrôle des Puf. Mais Denis Kessler est aussi un universitaire qui a consacré sa thèse au capitalisme familial. Le P-DG du réassureur Scor, qui détient désormais 51 % de la société, est un libéral et il ne s’en cache pas. Cet ancien numéro 2 du Medef, proche de Pierre Gattaz, fut en l’an 2000 l’idéologue de la refondation libérale auprès d’Ernest-Antoine Seillière. En 2007, il avait appelé à "sortir de 1945 et défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance" qui inspira le modèle social français, ce qui lui avait valu une volée de bois vert de quelques anciens du CNR comme Raymond Aubrac. Dans son ouvrage consacré au Medef (L’Archipel, 2013), Bernard Giroux, attaché de presse pendant vingt-cinq ans de cette organisation, montre un Denis Kessler coriace : "Il fallait le voir arriver à un petit-déjeuner de presse, une grosse serviette remplie de livres et de documents sous le bras, la chemise à moitié sortie du pantalon et déjà fulminant contre la gauche, la droite, les syndicats, l’UIMM [le patronat de la métallurgie], les journalistes trotskistes, les lobbyistes, les cheminots ou les Inuits, que sais-je encore !" Claude Bébéar, président du conseil de surveillance d’Axa, préfère vanter sa culture encyclopédique, tout en soulignant son côté "abrasif" dans les relations humaines.

Cet Alsacien monté à Paris, étudiant charismatique à HEC, auteur, avec son ami Dominique Strauss-Kahn, d’un rapport sur le financement des retraites, n’est pas un tiède. Avec sa stature à la Danton, grand lecteur de Shakespeare, il ne voit la révolution qu’au travers du libéralisme et contre les 35 heures. Economiste, agrégé de sciences sociales, il a publié chez Economica, Fayard ou Odile Jacob des ouvrages de référence sur la finance. Il y a un peu plus d’un quart de siècle, il avait même dirigé un dossier sur l’assurance européenne dans la Revue d’économie financière : c’était sa première entrée aux Puf.

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