Livres Hebdo : Comment êtes-vous arrivé à la tête des librairies Sauramps ?
David Lafarge : J’ai fait de longues études en sciences de la vie… avant de me réorienter et arriver chez Mollat à Bordeaux, pendant une dizaine d’années. D’abord au rayon beaux-arts, art de vivre et musique, puis responsable de la communication. J’ai ensuite été dans la SS2I (entreprise de services du numérique, ndlr) Bookshop, et j'ai installé le nouveau système de gestion de la librairie Sauramps. J’y ai retrouvé une ancienne collègue, Marie-Aurélie Buffet, directrice du développement de la librairie. Quand Florence de Mornac a quitté la direction générale, elle m’a demandé si j’avais des noms à proposer. Finalement, on a pensé au mien !
En 2022, le groupe Sauramps affichait une baisse de 30% de son chiffre d’affaires par rapport à 2021 (qui était certes une année exceptionnelle). Sept ans après son redressement judiciaire, comment se porte votre réseau de librairies ?
Comme toutes les librairies, Sauramps a eu des difficultés, et au vu de l’étude présentée aux Rencontres nationales de la librairie, l’avenir n’est pas emballant… Mais on a la chance d’avoir un actionnaire (l’architecte François Fontès, ndlr) qui nous soutient moralement, éthiquement et financièrement.
Quels sont vos projets ?
Réaménager notre magasin historique, Comédie : remettre la littérature à l’entrée (actuellement occupée par le rayon art de vivre et bien-être) et travailler davantage avec les éditeurs locaux comme Au Diable Vauvert, Biotope Editions, les Editions Fata Morgana, Atelier B... Nous aimerions par exemple organiser, à la manière des rencontres d’auteurs, des rencontres publiques avec ces éditeurs. Nous allons d’ailleurs densifier les rayons pour libérer un vrai espace d’activités littéraires qui nous permettra d’accueillir des groupes d’enfants, d’ados, d’adultes.
« Nous bénéficions toujours de l’effet Pass culture. On espère que ce dispositif sera maintenu, quelle que soit la direction politique à venir »
Et le nombre de références va être augmenté. Pour la librairie d’Alès, concurrencée par la Fnac, nous allons nous orienter davantage sur le fonds. Sans oublier les nouveautés ! Donc là encore, plus de références. Pour la boutique du musée Fabre, nous sommes dépendants de gros travaux qu’il veut réaliser, et sommes dans le flou. Enfin, notre pop-up situé dans le centre commercial Odysseum et spécialisé en BD, manga, romance et jeunesse, va diversifier son offre avec davantage de littérature générale, du polar et de la SF. Et nous ne sommes pas fermés à l’idée de nous agrandir.
Vous avez mentionné les Rencontres nationales de la librairie qui se sont tenues les 16 et 17 juin : qu’en retenez-vous ?
Les discussions ont beaucoup tourné autour des marges. Les librairies ont fait beaucoup d’efforts sur les frais généraux ; il nous reste comme levier de diminuer le taux de retour, donc de mieux acheter, revoir le système de l’office.
Quelles sont vos idées pour éviter le « décrochage préoccupant de la lecture chez les jeunes », pour citer la dernière étude du CNL ?
Nous bénéficions toujours de l’effet Pass culture. On espère que ce dispositif sera maintenu, quelle que soit la direction politique à venir… Pour faire lire les jeunes, on envisage des clubs de lecture ados et enfants. Des événements évidemment gratuits, pour fabriquer les lecteurs de demain. On essaie aussi de densifier nos partenariats avec les universités pour toucher les étudiants, et avec les radios locales pour impliquer les jeunes journalistes… On pense d’ailleurs créer un podcast littéraire avec la radio Aviva : cela permet de mutualiser les moyens, mais aussi de travailler avec le tissu local. On veut se réimpliquer dans la métropole sur laquelle on rayonne.