Voyage vers l'essentiel. Au fil de ses livres, David Foenkinos a créé comme un album de famille dans lequel certains personnages pourraient être cousins germains. Par cette possible parenté, il semble nous donner les pièces d'un puzzle qui répondrait aux interrogations de l'existence. Quel est le sens de nos vies ? Comment renaître après nos échecs ? Que devient l'amour avec le temps ? Peut-on changer de destinée ? Autant de questions que l'on retrouve avec plaisir dans son nouveau roman au titre en forme de promesse si difficile à atteindre, La vie heureuse. « Aucune destinée n'était à l'abri des mauvais choix », écrit l'auteur. Encore faut-il sauter le pas... Eric mène une vie tranquille. Son travail chez Décathlon offre une certaine stabilité à cet homme divorcé, qui « n'a plus vraiment l'habitude d'afficher le bonheur sur son visage ». « Il avait 40 ans, il était encore jeune pour être vieux, mais l'avenir lui paraissait sans surprise. » Or c'est justement une surprise qui va le sortir de son cocon. Une ancienne camarade de classe, dont il se souvient à peine, le contacte pour lui proposer un boulot au sein du cabinet du secrétaire d'État au commerce extérieur. « Il y voyait la possibilité de bifurquer enfin, de repousser cet état dépressif qui le guettait. » Amélie est ravie qu'il accepte de rejoindre son équipe. Alors qu'Eric aime la routine, Amélie se montre passionnée par son métier et sa vie, parfaitement orchestrée. Ils se connaissent peu mais un voyage d'affaires à Séoul va tout changer. Au cœur de ce décor dépaysant, ils abandonnent leur masque social, de pure cordialité. Leur parole se libère sur leurs parcours quelque peu cabossés. Mais alors que tout semble aller pour le mieux, Eric fait un terrible malaise. « Il ressentait physiquement une sorte de paralysie de son existence. Il ne voyait tout simplement plus le sens de ce qui lui apparaissait comme une épuisante comédie. » Amélie s'inquiète, tout en étant persuadée qu'une bonne nuit de sommeil peut tout réparer. Ce n'est que lorsqu'Eric rate un rendez-vous crucial qu'elle comprend que sa crise est plus profonde. Il lui a juste laissé un mot disant « On se reverra ». « Nous voulons tous, à un moment de notre existence, être un autre. Il y a un si grand désir de mourir et de renaître », écrit David Foenkinos. Et si cette expérience était possible ? Le roman bascule dès lors dans une nouvelle dimension, jubilatoire. « Une enseigne en néons rouges : Happy Life » cache un superbe secret qui va transformer Eric. « Il ressentait un bonheur proche de la jouissance. Le néant s'emparait de lui dans ce voyage statique vers l'essentiel. » Aussi n'a-t-il qu'une envie, transposer cette expérience dans son propre pays.

L'air de rien, David Foenkinos dresse le portrait de nos sociétés apeurées par la fragilité et la mort, centrées sur l'ego et la quête de bien-être, y compris sur les réseaux sociaux. Or sans les faux-semblants, on pourrait apprendre à célébrer le sens même de l'existence. Et si chacun se voyait offrir une seconde chance ?