Crise de la cinquantaine. « Je la veux. » Quand Samantha Raymond tombe sur ce cottage Arts and Crafts dans un quartier pauvre de Syracuse, le coup de foudre est immédiat et gomme l'état de délabrement de la maison. « C'était une ruine. C'était sa ruine. » En même temps que l'acte de vente, Samantha signe les papiers de son divorce. Crise existentielle ? Caprice ? Matt est persuadé que la lubie de son épouse est liée à l'élection récente de Donald Trump, que Sam semble avoir prise « très personnellement ». À 52 ans, la voici confrontée à un pays qui se délite, une mère malade, une fille adolescente distante et un mari qui ne la regarde plus que comme « un chien en mal d'affection ». Ses insomnies lui déroulent le fil d'une existence contre laquelle grandit un penchant pour l'indiscipline se cherchant un exutoire. La maison sera cet exutoire. Sam n'entend plus être réduite aux rôles d'épouse, de mère et de fille qu'elle avait jusque-là docilement endossés, et part en quête d'elle-même en prenant le risque de tout perdre. Portrait d'une femme tiraillée entre ses aspirations et la sécurité offerte par un schéma familial traditionnel, Indocile interroge la féminité en lien avec le vieillissement du corps, avec les impératifs schizophrènes dictés par nos sociétés occidentales contemporaines, et questionne les répercussions qu'engendrent nos choix à une époque où le « moi » est érigé en divinité à assouvir. Entre quelles frontières la liberté humaine se situe-t-elle ? Vaut-elle la peine de tout quitter ? Drôle et percutante, la plume de Dana Spiotta reflète les sinuosités propres à la complexité de nos êtres.