Les droits d’auteurs sont variables d’une année sur l’autre, en fonction de mes publications. Ils peuvent atteindre 80 000 euros sur une année pour une publication réussie (Jours de pouvoir, 2013), ou quelques centaines d’euros une autre année." Député UMP de l’Eure, Bruno Le Maire a rempli sa première "déclaration d’intérêts et d’activités", consultable sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie politique, comme celles de ses 924 confrères parlementaires. Ecrivain reconnu pour la qualité des tranches de vie publique qu’il donne à voir de l’intérieur, l’ancien ministre de l’Agriculture n’entre pas dans le détail mais dit l’essentiel concernant ses droits d’auteur : leur montant est aussi une preuve de son succès (10 000 exemplaires en poche et 46 500 en grand format pour Jours de pouvoir, 31 000 pour Des hommes d’Etat). Dans son cas, le livre n’est pas une béquille de la communication politique.
22 parlementaires déclarent des droits d’auteur, parfois de façon très scrupuleuse, même si la somme est modeste. Esther Benbassa, sénatrice écologiste du Val-de-Marne, mais aussi historienne et chercheuse spécialiste du peuple juif, donne ainsi de 2009 à 2013 leur montant à l’euro près pour une trentaine de publications, universitaires ou grand public, sans oublier les droits de prêts réglés par la Sofia. En 2010, année de publication du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations, elle a reçu 11 400 euros de Larousse. Elle déclare tout aussi rigoureusement les 4 euros versés par Lattès en 2012, chez qui elle avait publié un titre en 2001. Précis aussi, Patrick Balkany, député UMP des Hauts-de-Seine, mentionne les 14 250 euros d’à-valoir étalés sur trois ans pour Une autre vérité, la mienne, publié chez Michel Lafon. Bernard Debré, député UMP de Paris, ne dit en revanche rien de la demi-douzaine de livres publiés depuis 2009, et notamment du Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, cosigné au Cherche Midi avec Philippe Even. C’était un best-seller en 2012 avec près de 100 000 ventes. Edouard Philippe, député UMP de Seine-Maritime, et maire du Havre, où il conduit une politique culturelle active, déclare bien avoir perçu des droits pour L’heure de vérité et Dans l’ombre, romans coécrits avec Gilles Boyer, dont les intrigues se situent dans la classe politique. Le second titre atteint 16 000 exemplaires en grand format et poche, mais le député ne mentionne aucun montant, tout comme Elisabeth Guigou (PS, Seine-Saint-Denis), qui signale une publication plus austère (Pour une Europe juste, Cherche Midi). Là, les ventes n’ont atteint que quelques centaines d’exemplaires.
Apprécié en Chine
Jean-Pierre Raffarin écrit dans une autre catégorie, au vu des droits d’auteur qu’il déclare : de 2009 à 2013, il totalise 213 271 euros. Le sénateur UMP de la Vienne est certes apprécié et traduit en Chine mais la rubrique "Droits d’auteur" englobe d’autres recettes que celles des livres, indique son service de communication.
Sans le renfort de 1,3 milliard de lecteurs chinois, Gilbert Collard, député du Gard et élu du "Rassemblement Bleu Marine", annonce 110 092 euros de droits, mais sans faire la différence entre livres et scénarios pour la télévision.
Enfin Hervé Gaymard, un des députés les plus impliqués dans le travail législatif sur le livre, annonce scrupuleusement son poste d’administrateur non rémunéré de Dargaud, dans la rubrique des "participations aux organes dirigeants d’une société", mais pas dans celle des "fonctions bénévoles susceptibles de faire naître un conflit d’intérêt".