Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? J'éprouve, après quelques mois à peine de reprise, la solitude du blogueur de fond. J'aurais pu, après le 21 juin, mon dernier blog, écrire un texte sur le thème original : Bonnes vacances ! Mais j'ai toujours détesté ces gens qui vous souhaitent « bonnes vacances ! » parce qu'ils partent, EUX, en vacances sans se soucier de votre état dépressif et de votre peau trop blanche. J'ai pensé ensuite saluer la rentrée en vous parlant de l'odeur des livres neufs, du poids de mon nouveau cartable mais je n'ai pas de bons souvenirs de l'automne scolaire, je grince des dents dès que je vois une craie, je déteste toutes les rentrées, les profs acariâtres (les acariens, aussi), les satisfactions affichées des ministres de l'Education nationale, etc. Heureusement à Livres-Hebdo , il y a la rentrée littéraire. Ses bons élèves (un rien stakhanoviste comme Me Pierrat qui ne pose jamais sa toge sans doute parce qu'il ne prend jamais de vacances), ses élèves studieux (Jalageas qui frétille dès que les cartons des livres de la rentrée arrivent dans sa librairie et Garcia qui n'aime pas les copieux-copieurs, à commencer par Joseph Copié-Collons), ses profs évidemment (Poissenot et Benahmou qui reprennent leurs cours avec un nouveau cartable) et même les cancres fugueurs (Foenkinos s'est enfui de LH pour faire du cinéma et pour faire prix Goncourt. Allez David, allez !). Mais la rentrée littéraire pour moi n'a plus de sens depuis que je ne suis plus critique littéraire. Maintenant c'est juste une occasion de me disputer encore avec mon banquier qui déteste que je parte en vacances, Jaloux ! J'y peux rien si les livres sont chers. Désolé mais le desperado ne sait pas quoi vous dire. Moi, j'travaille comme disent les taxis qui bloquent une rue parce qu'ils manquent de monnaie. Je ne vais pas vous ennuyer avec le succès d' Alzheimer mon amour que j'ai édité. Son auteur, Cécile Huguenin, a fait une magnifique interview à « 7 à 8 » sur TF1, avec remontée immédiate des ventes. Mais, au prix où je suis payé ici, je ne suis pas, là, pour faire de la publicité (merci à LH qui classe le livre 25 e dans le Top des essais)... «Editeur à façon » heureux, je suis auteur angoissé. Quatre ans de travail, un manuscrit de pas loin 600 pages, maintenant il faut couper, resserrer, polir, mais aussi écouter. Rester serein face à cette colère. Ce n'est pas le plus simple. Une fois de plus je vais m'échapper de Paris pour travailler au calme, dans la solitude. Arrêter de lire, encore une fois. Y a plus qu'à, faut qu'on... Pour ne pas vous laisser vous aussi desperados, je vous confie mes dernières lectures (manuscrits mis à part). Un livre de la rentrée : Banquises (Albin-Michel) de Valentine Goby qui avait déjà écrit, entre autres, Qui touche à mon corps, je le tue . Ce voyage sur la banquise est très fort tant par son histoire que par son écriture. Mérite plus qu'un détour. Deux livres de chez Héloïse d'Ormesson chez qui publie Cécile Huguenin (copinage ? Allons...) Les amants de Francfort de l'excellent Michel Quint et Intuitions de Dominique Dyens qui m'a énervé pendant les 30 premières pages avant de m'emporter (rien ne vaut les bourgeois pour se moquer d'eux). Une très grande BD L'art de voler d'Antonio Altarriba et Kim (Denoël Graphic) qui vous fera vivre l'Espagne d'aujourd'hui et d'hier dans un magnifique roman graphique. Et un poche formidable Chaos calme de Sandro Veronesi, l'histoire d'un père qui décide de s'installer dans sa voiture en face de l'école de sa fille après la mort de sa femme. L'école, la rentrée, encore... Allez à un de ces jours !