Dans un contexte pré-électoral, tant aux Etats-Unis qu’en France, la manifestation a fait la part belle aux débats sur la société américaine d’aujourd’hui, notamment du point de vue des Indiens comme des Afro-Américains. Le tout sur fond de commémoration de l’attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et dans des conditions de sécurité renforcées pour cause d’état d’urgence en France, en place depuis les attentats en France de 2015.
"C’est avoir la capacité de transformer ce qui est terrible dans ce monde en quelque chose de beau." Gyasi Ross
"Etre indien, c’est ce qui nous permet de continuer dans un monde qui connaît des attaques terroristes et des attaques racistes" a déclaré Gyasi Ross, rappeur et professeur de droit, lors du débat samedi avec les écrivains Joseph Boyden et David Treuer, et l’universitaire Joëlle Rostkowski, portant sur "Indian Country, être indien dans l’Amérique d’aujourd’hui". "Nous avons une résilience, une capacité à reprendre ce qui nous a été pris" a déclaré Joseph Boyden, tandis que David Treuer confirmait "le peuple indien est le plus résistant du monde, on est bon pour survivre. Ce qui surprend, c’est qu’on a gardé des choses malgré le gouvernement. Ce n’est pas à nous de changer, ça ne va pas nous rendre notre langue, notre religion ni protéger notre terre natale, c’est à vous". "C’est avoir la capacité de transformer ce qui est terrible dans ce monde en quelque chose de beau" a ajouté Gyasi Ross, en introduction à la projection de son clip.
"Que va faire Hilary pour l’oléoduc du Dakota du nord ?" a laissé échapper lors de ce même débat Joëlle Rostkowski, avant que Sylvain Duez-Alessandrini ne présente la cause de Leonard Peltier, en prison depuis 40 ans, dont la seule chance serait une grâce de Barak Obama avant la fin de son mandat. Une lecture de ses Ecrits de prison, a aussi eu lieu le samedi soir.
L'élection de novembre
"Pensez-vous que Trump puisse être élu ?" a demandé la journaliste Alexandra Schwartzbrod, qui animait le débat sur les élections américaines avec Willy Vlautin, Dominique Simmonet et Nicole Bacharan. "L’Amérique est un pays compliqué. Elle a élu deux fois Barak Obama. Trump représente les extrêmes d’une Amérique penchée sur son passé mais Hilary représente ce que beaucoup d’Américains refusent, Washington et le pouvoir fédéral et représente un système politique qui ne va pas bien" a analysé Dominique Simmonet. Sans pouvoir répondre à la question, les participants se sont toutefois accordés sur le parallèle avec les primaires et l'élection présidentielle françaises.
Il fut aussi question des "identités américaines" avec Stewart O’Nan, Jane Smiley et John Jeremy Sullivan et de "Black Lives Matter, être noir dans l’Amérique d’aujourd’hui", avec Nicole Bacharan, Cynhtia Bond, Marlon James, Alain Mabanckou et James McBride, lors du dernier débat qui a clôturé la manifestation.
Un programme qui a affiché complet
Autant de sujets qui ont passionné les festivaliers qui ont assisté en nombre aux débats, rencontres, conférences, joutes de traduction, spectacles, projections (à guichet fermé pour James Ellroy) et autres concerts (notamment celui très émouvant de Willy Vlatin). La salle du Centre culturel Pompidou (plus de 540 places) a affiché à chaque fois complet et la soirée de vendredi en hommage à Jim Harrison, décédé en mars dernier, a été délocalisée dans une salle plus grande.
Le public d’América aime découvrir et achète le livre de l’auteur intervenu en débat. "Le Festival donne une chance d’exister à des auteurs peu connus comme Atticus Lish, Tom Cooper, Dan Chaon, invités pour leur premier titre", souligne Pascal Thuot, directeur de la librairie Millepages, dont le stand affiche le plus beau score, avec un "panel varié d’auteurs".
Invité vedette, James Ellroy, qui a fait un aller-retour à Nancy vendredi, a été très présent, pour de nombreuses rencontres mais aussi sur le stand Rivages tenu par L’arbre à lettres, qui a vendu 350 livres et où il a dédicacé tous les jours, dont 6 heures pour la seule journée de samedi.
Achats moins importants sur certains stands
Si les organisateurs annoncent un nombre de visiteurs en très légère hausse par rapport à celui de 2014, la chaleur et les consignes de sécurité ont peut-être freiné les achats, qui sont moins importants sur certains stands et se sont concentrés sur les auteurs présents. Chez Lucioles, on constatait un moindre intérêt pour le fonds mais "Thomas H. Cook, très sympa, a cartonné et les lecteurs ont découvert Stuart O’Nan et le premier guide des Arènes, sur New York" souligne Renaud Junillon, qui avait eu "une 7e édition exceptionnelle grâce à Richard Ford". "C’est un peu moins bien qu’il y a deux ans, mais cela reste un super salon avec beaucoup d’auteurs en signature et nous avions Virginia Reeves, qui a reçu le prix Page/America" insiste Delphine Bouillo (Librairie M’Lire, Laval). L’ambiance chaleureuse, la proximité des écrivains et l’enthousiasme des visiteurs devraient incontestablement être au rendez-vous en 2018 pour la 9e édition.