Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Editeurs inquiets, libraires et même bibliothécaires impatients nous posent depuis plusieurs jours la question, en attendant le traditionnel dossier que nous lui dédions chaque année dans notre dernier numéro de juin : "Alors, cette rentrée littéraire ? Belle ? Profuse ? Alléchante ?" Sur la foi des 42 pages que nous lui consacrons cette semaine, nous répondons oui sans hésiter.

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Le premier atout de la rentrée 2015, c’est qu’elle sera compacte, avec 589 romans annoncés entre août et octobre (- 3 %), dont 393 français et 196 étrangers. Les éditeurs ont sélectionné cette année avec une particulière méticulosité les romans qu’ils souhaitaient mettre en avant, et singulièrement les premiers romans, au nombre de 68 contre 75 un an plus tôt (- 9 %).

Le deuxième, c’est qu’elle sera très ouverte. Quelques locomotives sont annoncées - Amélie Nothomb, Delphine de Vigan, Carole Martinez, Toni Morrison, toutes des femmes -, ainsi que des titres susceptibles de susciter controverses et débats littéraires, comme ceux de Martin Amis ou de Christine Angot. Mais ils devraient laisser un large espace propice à la découverte de nouvelles plumes, à la consolidation d’écrivains confirmés ou à la transformation de talents émergents en succès établis.

Surtout, la rentrée littéraire 2015 sera stimulante sur le fond. En littérature française, elle permettra d’évaluer l’extension frappante du domaine de l’exofiction, qui voit des écrivains très différents s’emparer, avec des moyens tout aussi divers, des vies de Mouammar Kadhafi ou de Vladimir Poutine, de Victor Hugo, de Roland Barthes ou du frère maudit de Georges Simenon, de Jean-Luc Mélanchon, Sade, Kafka ou Eva Ionesco. Elle sera marquée par la confrontation aux défis du temps : nouveaux radicalismes, racismes, migrations, violences sociales, folies.

En littérature étrangère, plusieurs auteurs aux œuvres fortes et aux univers très contrastés reviennent cette année en librairie, dont Martin Suter, Nick Tosches, Dinaw Mengestu, Jim Harrison, David Grossman, Saša Stanišic, le grand écrivain islandais Jón Kalman Stefánsson, la brillante Marisha Pessl ou le cultissime David Foster Wallace. De quoi souhaiter, comme l’avait fait il y a quelques années l’ex-P-DG de Fayard, Claude Durand, disparu le mois dernier, que la rentrée de septembre soit un jour avancée en juillet !

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