24 JANVIER - RÉCIT France

Rome, le 12 octobre 1925, le père Paul Gény fut "attaqué par-derrière par un soldat demi-fou qui lui plongea sa baïonnette à travers le corps" et mit fin à une existence entamée à Raon-l'Etape en 1871. Le soldat se nommait Bambino Marchi, il fut interné à l'asile San Lazzaro et reconnu irresponsable de ses actes au moment du crime. L'historien et chercheur au CNRS qui nous relate cette affaire se nomme Philippe Artières. Le Paul Gény en question était le frère de son arrière-grand-père. Il est donc son arrière-grand-oncle. Gény, Artières en a découvert l'existence un jour d'orage, en fouinant dans la bibliothèque de la maison familiale des Vosges où il a alors déniché une série de documents et de photographies le concernant.

Pensionnaire de la villa Médicis, l'auteur de La vie écrite : Thérèse de Lisieux (Les Belles Lettres, 2011) et de Rêves d'histoire : pour une histoire de l'ordinaire (Les Prairies ordinaires, 2006) raconte dans un intriguant récit publié dans la collection "Fiction & Cie" ses recherches autour du jésuite qui résidait depuis quinze ans à Rome au moment de sa disparition et était titulaire de la chaire de philosophie à l'université grégorienne de la ville. Le lecteur accompagne Artières lorsqu'il achète une soutane à vingt-deux boutons et l'endosse à Rome, ou quand il assiste à des messes vêtu de l'habit, se démène pour faire poser une plaque commémorative en hommage au défunt, se plonge dans les archives ou se transforme en homme-sandwich arborant une brève citation de Gény : "Il n'y a pas d'erreurs invincibles."

Philippe Artières cherche à la fois à assembler les pièces du puzzle et à refaire parler de Paul Gény. Voici que s'éclaire peu à peu le sujet de sa minutieuse enquête. Un penseur chrétien qui était docteur en philosophie et en théologie, mais aussi aumônier des armées à Verdun pendant la guerre de 14-18. Mélangeant habilement les genres, Vie et mort de Paul Gény est un passionnant jeu de pistes.

Les dernières
actualités