7 janvier > Récit France

Il y aura bientôt cinq ans, Camille, la femme d’Antoine Piazza, venue donner un coup de main à leur fille Jeanne pour son déménagement de Bourges à Pau, était victime d’un grave accident : une chute de cinq mètres à travers le toit d’une remise, à la poursuite d’un chat. Camille, infirmière dans le civil à l’hôpital de Sète, la ville de la famille Piazza, a été transportée, dans un coma profond, à l’hôpital Trousseau de Tours. Diagnostic des médecins : traumatisme crânien, trois œdèmes au cerveau qui nécessiteront, après craniectomie, une repose du volet crânien. Entre-temps, après de longues semaines, Camille se sera réveillée, et elle aura réchappé à autre œdème après désintubation, puis à une péritonite.

C’est ce drame intime qu’a choisi de raconter Antoine Piazza, longtemps après - alors que l’on suppose que Camille a retrouvé, après un an de repos, toute sa validité et ses facultés, et repris son travail -, dans la veine de ses autres écrits autobiographiques (dont Un voyage au Japon, qui ressort simultanément en poche, chez Babel), et à sa façon bien particulière : méticuleuse, presque "sèche", n’était l’émotion qui sous-tend toute cette histoire. Tandis que Camille est plongée dans son coma, le père et la fille s’installent à La Maison des Parents, une structure d’accueil temporaire pour les familles des hospitalisés. L’endroit n’est pas très gai, on s’en doute, le confort spartiate, mais on s’en accommode. Et puis les Piazza passent l’essentiel de leurs journées à l’hôpital. Soit à guetter de la part des soignants la moindre bribe d’information, soit à veiller Camille, tout en s’intéressant à leur environnement.

C’est toute cette matière humaine qui nourrit les quarante courts chapitres de Tours de garde, mélange d’instantanés, d’anecdotes, de scènes de la vie quotidienne, de balades dans Tours - il faut bien se changer les idées - et aussi de portraits, très réussis dans leur impressionnisme : Audigier, le médecin réanimateur proche de la retraite, qui pourra bientôt se consacrer à ses deux passions, les chevaux et l’archéologie ; Francis, le patient miraculé ; ou encore Maddie, la surveillante mélomane qui tente de faire partager son enthousiasme à ses collègues…

Le récit est sobre, sans pathos, sans abandon, y compris quand Camille sort du coma. Antoine Piazza nous évite même une happy end que d’autres auraient tentée. Pour la rescapée, parvenir à monter seule les marches d’un snack routier, c’est ça, revenir à la vie, réellement. Jean-Claude Perrier

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