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Passage du Nord-Ouest

Marie-Hélène Fraïssé - Photo Isabelle Lévy-Lehmann/Albin Michel

Passage du Nord-Ouest

Au XVIe siècle, en voulant gagner la Chine, Martin Frobisher découvrit les Inuits et de l’or. Marie-Hélène Fraïssé raconte son incroyable histoire.

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Par Laurent Lemire
Créé le 19.04.2017 à 22h02 ,
Mis à jour le 21.04.2017 à 11h03

Meta Incognita, "frontière de l’inconnu", c’est ainsi qu’Elisabeth Ire nomme ce nouveau territoire découvert par Martin Frobisher (1535-1594) au nord-ouest de l’Angleterre, au-delà des zones fréquentées par les morutiers de Bristol. Le navigateur recherche le passage pour ouvrir une nouvelle route vers la Chine que l’on appelle Cathay. Lors de son premier voyage, en 1576, il ne le trouve pas. Mais il ramène de la Terre de Baffin un Inuit qui meurt à Londres et une roche noire qui se révèle aurifère. La question du passage est remisée au second plan. Désormais, c’est l’or qui devient pour la couronne britannique et les investisseurs l’obsession. La reine compte sur l’eldorado polaire de Martin Frobisher pour damer le pion aux Portugais et aux Espagnols.

Marie-Hélène Fraïssé raconte avec la passion qui la caractérise les trois voyages de ce marin élisabéthain, moins connu que Francis Drake ou Walter Raleigh, mais tout aussi fascinant. La journaliste (Découvreurs d’Amériques, Albin Michel, 1992, et L’impensable rencontre, Albin Michel, 2014) se penche aussi sur le caractère de cet explorateur en quête de son pays de cocagne qui n’hésite pas à prendre tous les risques pour devenir riche et respecté. Sur terre, avec son mètre quatre-vingt-cinq, sa force physique est gauche, mais sur le pont d’un navire il communique son énergie à l’équipage.

L’époque des grandes découvertes a été douloureuse pour ceux qui ont été découverts. Les "Tartares, avec de longs cheveux noirs, le visage large, le nez plat, la peau brune", ont péri en Angleterre. Reste l’or. Là aussi, lors des deux voyages suivants, en 1577 et en 1578, Frobisher, avec une flottille toujours plus importante (quinze bateaux pour la dernière, soit un dixième de la marine anglaise), rapporte des quantités de pierres noires qui servent non pas à renflouer la Couronne mais au remblai des digues.

Y aurait-il eu supercherie dans cette fièvre aurifère ? Marie-Hélène Fraïssé penche plutôt pour une erreur de trajectoire lors des deux autres expéditions. La spéculation s’éteignit, mais pas la notoriété de Frobisher qui s’illustra contre l’Invincible Armada. Sur l’aventure de ce marin d’eau froide, elle offre un récit nerveux, au plus près de ses rêves d’or et d’océans.       L. L.

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