Olivier Cohen : "Claude Durand m’a tout appris"

"Il m’autorisait à participer à ses rendez-vous et aux réunions qu’il dirigeait pour Fayard, avec un seul impératif : je ne devais qu’écouter et ne pas dire un mot." Olivier Cohen - Photo Olivier Dion

Olivier Cohen : "Claude Durand m’a tout appris"

Le fondateur de L’Olivier a fait ses classes auprès du P-DG de Fayard, à l’instar de nombreux éditeurs qui occupent désormais dans le secteur des positions fortes et souvent singulières.

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Par Daniel Garcia
avec Créé le 18.05.2015 à 20h00

Odile Jacob, Henri Trubert (Les Liens qui libèrent), Laurent Beccaria (Les Arènes), Eric Vigne (Gallimard), Olivier Cohen (L’Olivier)… la liste est longue des jeunes éditeurs passés entre les mains de Claude Durand, qu’il a su dénicher ou encourager et qui sont, depuis, devenus des pointures du secteur. Quitte à ce que, parfois, la séparation se fasse en termes orageux ! "Durand avait cette qualité de faire confiance aux gens, explique l’actuelle P-DG de Fayard, Sophie de Closets. Contrairement aux patrons qui vous disent "Vous savez, mon petit, vous avez certainement les capacités pour devenir éditeur, mais l’eau est encore un peu froide pour vous…", la philosophie de Durand c’était : "Vous voulez y aller ? Allez-y ! Montrez-moi de quoi vous êtes capable"."

L’exemple d’Olivier Cohen, le fondateur en 1991 des éditions de l’Olivier, est typique de ce management à la "just do it". A l’automne 1984, Olivier Cohen est alors jeune secrétaire d’édition chez Mazarine, petite maison filiale d’Hachette, fondée en 1979 par Jean-Etienne Cohen-Séat. Suite à un différend avec Jean-Claude Lattès, le patron de la branche livre du groupe Hachette, Jean-Etienne Cohen-Séat quitte brutalement ses fonctions. "La maison se retrouvait sans direction", résume Olivier Cohen. C’est alors que Claude Durand lui propose de prendre un café. Les deux hommes se sont croisés à l’occasion, mais se connaissent très peu. L’étonnement d’Olivier Cohen vire à la stupeur quand Durand lui demande : "Si tu dirigeais les éditions Mazarine, que publierais-tu ?""Je n’avais rien à perdre, je lui ai donc dit tout ce que j’avaisentête", raconte Olivier Cohen. Claude Durand le recontacte peu après pour lui proposer un pacte : "Je vais demander à la direction d’Hachette de rattacher Mazarine à Fayard et tu en prendras les rênes sous mon autorité."

Scepticisme d’Olivier Cohen : "Je n’y ai pas cru du tout", avoue-t-il aujourd’hui. C’est pourtant ce scénario qui va se réaliser. L’équipe de Mazarine, c’est-à-dire trois personnes, vient s’installer quelques mois plus tard rue des Saints-Pères, au siège de Fayard : "Nous sommes arrivés le jour où Odile Jacob claquait bruyamment la porte ! Avec Laurence Renouf, qui travaille toujours avec moi, nous étions logés au grenier, tandis qu’Elisabeth Franck, l’attachée de presse, occupait la loge du concierge." Commence alors deux années "d’une période fantastique", avant qu’Olivier Cohen ne soit appelé, en 1987, à réorganiser les éditions Payot.

"Claude Durand m’a tout appris du métier. Il m’autorisait à participer à ses rendez-vous et aux réunions qu’il dirigeait pour Fayard, avec un seul impératif : je ne devais qu’écouter et ne pas dire un mot. En fin de journée, je revenais parfois dans son bureau pour obtenir des éclaircissements sur ce qui s’était dit. Non seulement il m’a ouvert des horizons, mais c’est en le côtoyant que j’ai appris la stratégie. C’était quelqu’un qui avait une vision globale du métier. Il s’intéressait autant à la vie des idées qu’à l’actualité de l’édition internationale."

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