15 janvier > Premier roman France

Né en 1981, reporter télé, Constantin Simon vit depuis sept ans à New Delhi, où il est notamment correspondant pour France 24. Même si sans doute largement romancé, India Express, son premier livre, retrace, avec un indéniable talent de conteur et un certain humour décalé façon British, comment il en est arrivé là.

Pierre, son héros, son double, un jeune provincial français, a toujours rêvé d’être reporter de guerre. Ce qui n’est guère banal, et ne laisse pas d’inquiéter ses parents. Mais rien n’y fait. Aussi, en 2007, saisit-il avec enthousiasme une opportunité : le voici au Sri Lanka, dans les derniers mois de la guerre civile barbare qui a opposé la majorité cinghalaise bouddhiste aux séparatistes tamouls hindous, en compagnie de la grande Béa, une baroudeuse extravagante d’un certain âge qui lui donne sa chance, mais va aussi l’exploiter sans scrupule et lui faire courir des risques insensés. Elle a tout vu, tout fait, connaît tout le monde, mais n’est plus très faraude après un séjour dans les geôles de Galle ou de Colombo, pour cause d’absence d’autorisation de se rendre dans les zones de combat.

Du Sri Lanka, le duo passe en Inde, pour des reportages plus ou moins bidonnés : conversion prétendument massive d’intouchables au bouddhisme à Allahabad, lutte contre la culture de cannabis sur les hauteurs de l’Himalaya… Après quoi, Béa crée son agence, Energy, dont Pierre est le JRI (journaliste reporter d’images), mais aussi l’homme à tout faire et le souffre-douleur. Après un certain succès grâce à un sujet sur le trafic des cheveux, "l’or noir", dans les temples du Tamil Nadu, le tandem éclate. Béa, en pleine crise mystique, disparaît. Le garçon, lui, basé à New Delhi, va poursuivre son travail dans toute l’Asie du Sud-Est, devenir même correspondant pour une chaîne de télé française, n’hésitant pas à mettre parfois sa vie en péril : par exemple lors du fameux pèlerinage de la Kumbh Mela, connu pour ses bousculades massives et meurtrières, à Bangkok en pleine émeute des "chemises rouges" où son précieux assistant indien, Subramaniam dit Mani, manque mourir, ou encore dans le Pakistan des talibans. Heureusement, il finira par rencontrer une caméraman japonaise, laquelle lui fera découvrir son pays… en plein tsunami !

Cet India Express est passionnant, vif et bien mené, et les pages consacrées à l’Inde tout à fait justes. Seuls bémols, quelques longueurs et quelques complaisances stylistiques, mais c’est péché véniel de débutant. J.-C. P.

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