En Espagne, le Liber se réinvente sur fond de crise

En Espagne, le Liber se réinvente sur fond de crise

La foire internationale du livre espagnole qui s'est déroulée à Madrid du 2 au 6 octobre a expérimenté cette année un nouveau modèle: plus d'acheteurs étrangers et deux jours ouverts au public. 

Par Mylène Moulin Madrid,
avec Créé le 10.10.2013 à 20h30

Le modèle s'essoufflait. Après 30 ans d'existence, le Liber, la foire internationale du livre espagnol, devait se réinventer pour continuer à être l'un des points névralgiques des échanges entre l'Europe et l'Amérique Latine. Pour sa 31e édition, qui s'est déroulée du 2 au 6 octobre, la manifestation a changé de lieu et a investi un nouveau pavillon aux Recintos feriales de Madrid. Plus petite, plus intime, plus calme aussi. Pour la première fois, elle a également ouvert ses portes au public le week-end sous le nom de Liberatura.

Etrenné avec prudence, le nouveau concept du Liber prévoyait moins de conférences et la part belle au numérique avec un Corner digital occupant tout un étage. Avec le Chili comme pays invité d'honneur, 450 entreprises dont 40% internationales, plus de 350 acheteurs étrangers et une présence renforcée de distributeurs et bibliothécaires latino-américains et états-uniens, la foire espagnole affichait cette année son ambition de se consolider comme une foire d'achats.

Marché en crise

Même si avec un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros en 2012, le marché du livre reste la principale industrie culturelle en Espagne, la situation est critique. Selon l'étude sur le commerce intérieur du livre 2012, publiée par la Fédération des éditeurs d'Espagne (FGEE), le chiffre d'affaires total du marché intérieur (hors vente de droits) a chuté de 10,9% par rapport à 2011, frisant les 2,4 milliards d'euros. Le nombre d'exemplaires vendus à quant à lui chuté de 14%.  

Une baisse spectaculaire due en partie à la paralysie du secteur scolaire, en attente d'une réforme éducative sans cesse repoussée, au désintérêt pour le livre de poche dont le nombre d'exemplaires écoulés a chuté de plus de 24%. en 2012 et au piratage des nouveautés. «Nous vivons un moment délicat pour l'industrie du livre. Les ventes du marché intérieur s'effritent. Pour rééquilibrer la balance, les éditeurs doivent trouver des issues de secours comme vendre des droits ou exporter plus», analyse Teresa Peces, rédactrice en chef de Delibros, le magazine destiné aux professionnels du livre en Espagne.

Ouvrir de nouveaux marchés

Exporter. C'est le nouveau mot préféré des éditeurs espagnols. A raison: en 2012, 30% de la production éditoriale espagnole a été distribuée en dehors de l'Espagne pour un chiffre d'affaires de 360 millions d'euros, soit une hausse de 5,6% par rapport à 2011, selon l'étude sur le commerce extérieur publiée par la Fédération des chambres du livre (FEDECALI).

Si l'Union européenne et plus particulièrement la France et le Royaume-Uni restent les principales destinations des exportations, l'Amérique Latine fait l'objet de toutes les attentions. En 2012, les ventes, réalisées en majorité au Mexique, en Argentine et au Brésil, y ont en effet augmenté de 12,41%. Le chiffre d'affaires des filiales des groupes éditoriaux espagnols à l'étranger a quant à lui atteint 2,5 milliards d'euros en 2012.

Avec l'export, le livre numérique est le deuxième axe de travail des éditeurs espagnols. Mais malgré un effort de publication de nouveautés et de numérisation massive des fonds, il a du mal à décoller. En 2012, les ventes se sont élevées à 74 millions d'euros, soit à peine 3% des ventes totales du secteur du livre.

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