JEUNESSE

Attaque en règle contre les livres pour la jeunesse

Jean-François Copé - Photo © DR

Attaque en règle contre les livres pour la jeunesse

Jean-François Copé et le mouvement Printemps français s'en prennent à la littérature pour la jeunesse jusque dans les bibliothèques.

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Par Claude Combet
Créé le 10.02.2014 à 19h53 ,
Mis à jour le 11.02.2014 à 16h13

Invité du Grand Jury de RTL/LCI/Le Figaro, Jean-François Copé a violemment attaqué Tous à poil !, de Claire Franek et Marc Daniau, paru en 2011 aux éditions du Rouergue. Le net s'est enflammé. Pourtant, contrairement à ce qu'a annoncé le président de l'UMP, le livre ne figure pas sur la liste de recommandation de l'Education nationale mais sur celle d'une association ardéchoise, relayée par le CRDP de Grenoble. Par ailleurs, Tous à poil ! a été récompensé en 2011 en Belgique par le prix Libbylit du meilleur album pour enfants. "C'est un livre très drôle : tout finit au bord d'une plage et tout le monde se déshabille pour se baigner. Les auteurs ont expliqué qu'ils avaient eu la volonté de travailler sur la question du corps, dans une société qui n'arrête pas de l'exposer", souligne son éditrice Sylvie Gracia.

C'est le second livre du Rouergue a être pris pour cible. La semaine dernière, c'était Le jour du slip. Je porte la culotte, d'Anne Percin et Thomas Gornet (dans la collection"Boomerang") qui a soulevé les foudres des internautes. Ceux-ci ont submergé le site de la librairie La soupe de l'espace, puis celui de l'auteure Anne Percin, qui a dû fermer son blog.

Parallèlement, le mouvement Printemps français s'en est pris aux collections des bibliothèques municipales, dans lesquelles certains livres feraient "mauvais genre". Ont notamment été cités : Tango a deux papas et pourquoi pas?, de Béatrice Boutignon (Le Baron perché), paru en 2010, qui fait l'objet d'une nouvelle édition le 13 mars ; Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi, de Thierry Lenain, illustré par Delphine Durand (Nathan Jeunesse) ; La princesse qui n'aimait pas les princes, d'Alice Brière-Haquet, illustré par Lionel Larchevêque (Actes Sud Junior, 2010). Entre autres.

Pour ces politiques, il s'agit avant tout d'alimenter les polémiques envers l'école. "Ils instrumentalisent le livre pour la jeunesse" ajoute Sylvie Gracia. "Il y a toujours eu en littérature pour la jeunesse des livres qui parlent de la différence. Au médiateur de faire son travail et de susciter la discussion quand l'enfant l'a dans les mains" rappelle de son côté la critique Véronique Corgibet sur Canal +.

“Une atteinte à la démocratie...”
Dans un communiqué diffusé ce lundi 10 février en fin d'après-midi, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, dénonce les attaques subies par « une trentaine de bibliothèques » et "les pressions sur les personnels, fouillant dans les rayonnages avec une obsession particulière pour les sections jeunesse" qu'elle qualifie d'"atteintes scandaleuses à la démocratie et à la liberté de notre pays. La lecture [étant] l'un des meilleurs outils de lutte contre les fanatismes -, contre l'intolérance".

Cette nouvelle stigmatisation des ouvrages pour la jeunesse n'est pas l'apanage de la France. En Russie, la romancière Lioudmila Oulitskaïa vient de déclarer avoir fait l'objet d'une enquête pour "propagande homosexuelle" pour une série de livres pour enfants qu'elle pilote. Vera Timentchik, l'auteure d'un des titres, La famille dans notre pays et chez les autres, qui explique que les mariages homosexuels sont autorisés dans certains pays, a été convoquée au Comité d'enquête russe.

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