22 OCTOBRE - AUTOPORTRAIT France

Serge Filippini- Photo DR/ÉDITONS DU MAUCONDUIT

Alors que Phébus reprend dans la collection "Libretto" L'homme incendié, son roman inspiré du destin hérétique du philosophe Giordano Bruno paru en 1990, Serge Filippini entre au catalogue des toutes jeunes éditions du Mauconduit. Motifs se veut un autoportrait. Le romancier, né en 1950, s'y souvient des Italiens en voyage qui s'arrêtaient chez eux. De son père, dont il n'a jamais douté de la parole, qui lisait sans acheter de livres et se fournissait en "pur divertissement masculin" à la bibliothèque où il était abonné.

Un père opérateur-projectionniste dans un cinéma où son rejeton lui donnait un coup de main après le départ des spectateurs. Tous deux purent aussi un jour assister au tournage d'un film d'André Hunebelle et croiser le célèbre Jean Marais. Fils d'un bâtisseur de maisons et d'une ouvrière d'usine aux origines lombardes, papa aimait plus que tout la pêche au lancer. Mère au foyer, maman, elle, était ouvreuse au cinéma et offrait le dimanche au jeune Serge un esquimau. Celui-ci fait revivre une enfance dans une petite ville de province. Pontarlier, une agglomération "sans Juifs, sans homosexuels, sans Noirs, sans réfugiés débarqués du bout du monde".

Sans effets de manche, Serge Filippini parle de sa découverte des nouvelles de J. D. Salinger qui pourtant n'étaient pas de son âge. Des poèmes de Rimbaud, premier volume qui lui fut "donné d'acheter sur [s]es propres deniers". Du choc que constitua pour lui la lecture d'Ulysse de James Joyce, acquis neuf en édition de poche. Il dit aussi comment il en vint à l'écriture, après une thèse d'anthropologie sur l'enfant sauvage. Et évoque son premier roman, Angèle, que Régine Deforges publia en 1987 dans la maison d'édition qu'elle venait de lancer. Puis son aventure avec Phébus et sa "direction bicéphale et conjugale : Sicre et Jane".

L'ensemble constitue un exercice de style, avec un savant collage de textes et d'images, qui mérite le détour.

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