19 novembre > Jeunesse France

Une nuit de tempête, une femme arrive chez Méduse. Avant de lui demander de pousser, elle la prévient : "Surtout retiens bien tes cheveux." C’est que la future accouchée a de très, très longs cheveux blonds qui n’en finissent pas. "Le grand travail de vie", comme il est écrit, peut commencer. Arrive alors une jolie petite Irisée que Méduse enserre aussitôt dans son interminable chevelure. Tu es ma perle nacrée, pense aussitôt la mère, et je serai ton coquillage. Tout le village s’extasie devant la poupée mais nul ne peut la prendre dans ses bras. Méduse est du genre possessif… "Elle est à moi !" s’écrie-t-elle à tout bout de champ. En grandissant, la mignonnette dort, mange, joue et apprend dans les longs cheveux de sa mère qui servent tantôt de couverts, d’édredon, de bras, mais aussi de lettres d’alphabet pour apprendre à lire. Seul point noir, Irisée est toujours toute seule. Hors de question de jouer avec les autres. Sa mère ne veut pas… Un jour pourtant, elle accepte. Irisée va à l’école, mais elle n’autorise pas sa mère à l’accompagner. "Tu ferais peur à tous les enfants." On ne vous révèle pas la fin de cette touchante allégorie sur l’amour maternel. Comment vit-on à l’ombre d’une mère archaïque, étouffante, mais avant tout aimante ? Telle est la question que pose la talentueuse Belge Kitty Crowther à travers ses fabuleux dessins qui ne cessent d’enrouler cette chevelure mythologique autour des symptômes d’un amour maternel exclusif. Grâce soit rendue à son trait à la fois doux et puissant, délicat et drôle et à la poésie que distille chaque détail, fleur, figure, algue ou rocher. Un album sur l’altérité qui laisse des traces à un âge, celui de l’entrée à l’école, où l’on ne désire rien tant que ressembler aux autres… Fabienne Jacob

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