« Si tu ne regardes pas la mort en face, c'est la vie que tu n'affrontes pas ! » Les deux s'entrelacent au fil du temps qui s'écoulent. Le livre s'ouvre dans une chambre d'hôpital, où Félix de Récondo s'éteint. Sa fille Léonor appréhende ce départ, pour lequel on n'est jamais prêt. Elle doit accompagner son père, son roc, l'artiste complet qui lui a sculpté un violon. « Je ne veux rien oublier, je veux que ça s'inscrive. Je voudrais en faire une polyphonie. Y ajouter la mienne le moment venu. » L'écrivain s'achemine vers cette vie en suspens. L'histoire d'un garçon basque qui a souffert de la guerre, de l'exil et de la perte de son identité. Il trouve dans l'art la seule façon de s'ancrer. « La création m'élevait au-delà des frontières. » Elle l'unit aussi à Ernest Hemingway, avec
lequel Félix entame un dialogue
lumineux. « L'amour est ample. »
Ce sentiment traverse la pièce où
Félix se meurt, entouré de sa femme, Cécile, de leur fille et d'une ronde de fantômes. « Passé, présent, c'est insensé. » Chaque mot sonne juste dans ce texte vibrant sur le deuil. « Clore une vie, avant d'en commencer une autre faite de souvenirs et de pensées »,voilà ce que réussit parfaitement Léonor, dans ce corps-à-corps bouleversant. Kerenn Elkaïm