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Maria Campbell : « Beaucoup d'étoiles doivent s'aligner pour créer un succès»

Maria Campbell. - Photo DR

Maria Campbell : « Beaucoup d'étoiles doivent s'aligner pour créer un succès»

Maria Campbell est à la tête de l'agence de scouting qui porte son nom et travaille, entre New York et Londres, avec Netflix, Fayard, Le livre de poche, Mondadori, Hachette romans ou encore Little, Brown. Entretien sur la notion de best-sellers.

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Par Marine Durand
Créé le 07.02.2021 à 15h03

La mission des scouts est de flairer les futurs best-sellers, pour les éditeurs du monde entier. Mais le best-seller a-t-il eu tendance à évoluer ces dernières années ?

C'est ça, nous sommes un peu des chiens truffiers du best-seller. Mais un bon éditeur sait qu'il ne suffit pas de mettre le nez dehors pour trouver un best-seller, quel que soit votre flair ! Beaucoup d'étoiles doivent s'aligner pour créer un succès. Un vrai best-seller, à mes yeux, est un phénomène à la Fifty Shades, L'amie prodigieuse, ou Millénium. Ensuite, bien sûr, il y a une foule d'imitations.

Vous scoutez notamment pour des éditeurs français. Y a-t-il des spécificités à notre marché, vu de l'étranger ?

Le marché français est connu pour être particulier. L'exemple le plus parlant est celui du romancier américain Jerome Charyn, qui n'a pas vraiment d'écho dans le monde, excepté chez vous. La France répond toujours bien aux grands romans américains classiques, Richard Powers ou Cormac McCarthy, et vous aimez aussi beaucoup les autofictions ou les récits familiaux, et les figures de la culture populaire : il y a eu plus de ventes en France des mémoires de Woody Allen que dans n'importe quel autre pays.

En France, de plus en plus d'éditeurs se tournent vers la fiction grand public. Est-ce aussi le cas aux États-Unis, ou au Royaume-Uni ?

Il y a clairement un mouvement des éditeurs de fiction littéraire vers la fiction grand public, dans le monde entier. En fait, des éditeurs comme Grasset, Calmann-Lévy, Flammarion, le font déjà depuis quelque temps. Regardez le Goncourt de cette année, L'Anomalie, d'Hervé Le Tellier chez Gallimard. C'est une structure de thriller, avec une accroche de science-fiction, et des questionnements en son cœur. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, cela fait longtemps que cette tendance existe.

Le marché semble de plus en plus globalisé. Un carton aux États-Unis sera-t-il forcément un carton en France ?

Les auteurs-marques ont définitivement une portée plus internationale, comme John Grisham ou Ken Follett. Il faut aussi compter maintenant avec Delia Owens, l'autrice de Là où chantent les écrevisses (Seuil). D'un autre côté, certaines tendances sociétales se transposent difficilement d'un pays à l'autre, les questions de genre et de race notamment, mais il y a des exceptions, comme Moi les hommes, je les déteste, de Pauline Harmange (Seuil), qui a été cédé dans de nombreux pays.

Avez-vous repéré avant les autres quelques best-sellers mondiaux ?

J'ai la chance de pouvoir lire des livres incroyables à un stade très précoce. Fifty Shades of Gray était très amusant à lire, quand ce n'était encore qu'un e-book publié par un petit éditeur australien. Je n'avais jamais lu ce genre de livre, ce qui m'a sans doute donné un regard neuf par rapport à des gens qui lisent des thrillers érotiques ou des romances. L'un de mes meilleurs souvenirs est d'avoir « scouté » Le maître des illusions de Donna Tart, et d'avoir vu Ivan Nabokov l'éditer si brillamment chez Plon. 

Ressent-on davantage de pression aujourd'hui, en tant que scout, à ne pas laisser passer un futur best-seller ?

Le métier de scout a toujours dû prendre en compte la composante best-seller. Un scout est constamment sous pression, il doit lire vite, conseiller ses clients rapidement et les aider à conclure les contrats. En ces temps de crise sanitaire, le marché s'est davantage ouvert à des éditeurs dans certains pays où l'e-book fonctionne très bien. Mais la tendance reste à un petit nombre d'ouvrages qui se vendent à un très grand nombre d'exemplaires, ce qui rend la compétition toujours plus rude.

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