Manifestation

Livre Paris 2019 : un salon interactif

La queue lors de la séance de signature de Michel Bussi (Presse de la Cité). - Photo OLIVIER DION

Livre Paris 2019 : un salon interactif

Jeux, ateliers, dialogues... Pour opérer sa mue en festival et renouveler son public, Livre Paris a placé, du 15 au 18 mars, sa programmation sous le signe du participatif, invitant les jeunes adultes et les familles à contribuer à la dynamique de la manifestation. _ par Nicolas Turcev, photos Olivier Dion, légendes Anne-Laure Walter

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Par Nicolas Turcev
Créé le 22.03.2019 à 10h28

A Livre Paris, les 160 000 visiteurs reçus du 15 au 18 mars (- 2 %) en étaient aussi les acteurs. Pour sa 39e édition, le salon et ses exposants ont significativement augmenté les temps consacrés à l'interaction des lecteurs avec les auteurs et les professionnels du livre. Ils ont attiré ainsi un public rajeuni (10 % de moins de 18 ans en plus par rapport à 2018). « Le grand enjeu actuel de la culture, c'est la dimension participative, c'est de cette manière que l'on peut toucher les jeunes et les impliquer dans le livre », estime le programmateur de la manifestation, Gauthier Morax.

L'espace Antichambre, accolé à la très populaire scène Young Adult, accueillait pour la première fois une programmation entièrement consacrée au dialogue intime entre lecteurs, éditeurs et auteurs. Les rencontres avec l'écrivain jeunesse Benoît Minville et la dessinatrice de mangas Kalon, notamment, ont connu un bon succès. Tout aussi populaire, le programme In Situ réunissait sur la scène des Coulisses de l'édition spectateurs, étudiants et professionnels du livre lors de sessions d'initiation participatives aux métiers de l'édition et de la libraire. Et pour mieux impliquer les élèves, les organisateurs ont multiplié les contacts avec les enseignants en amont du salon.

Parmi les exposants, Kana proposait un escape game ambitieux basé sur son manga Moriarty. Ki-oon avait réservé une partie de son stand à un jeu d'adresse inspiré de l'univers de son nouveau titre Magus of the library, en rupture sur le salon. Les deux éditeurs revendiquent une fréquentation et des ventes en hausse. Témoin de la mutation progressive de Livre Paris en festival, l'espace manga, avec ses jeunes en cosplay et sa borne de jeu vidéo, semblait tout droit sorti de la Japan Expo.

Lumen, qui présentait le préquel en roman de Stranger things, suspicious minds, a vu défiler des hordes de fans venus se photographier sur le canapé du salon de Will Myers, l'enfant disparu, recréé à l'identique sur une parcelle du stand. « Le rajeunissement du public passe forcément par de l'événementiel et des scènes dédiées aux genres », indique la responsable marketing de l'éditeur, Mélanie Viale-Pennel. Gauthier Morax abonde : « en programmant directement sur leur stand, les exposants ont la capacité d'accroître leur public ».

Dans cet esprit participatif, Amazon Publishing, implanté en plein cœur du salon entre Madrigall, L'Ecole des loisirs et Albin Michel, choquant les libraires et un grand nombre d'éditeurs présents, a multiplié les animations autour des auteurs autoédités. Les stands des régions proposaient eux aussi, presque tous, un programme dédié. La région Sud s'est démarquée en organisant un karaoké littéraire. Celle des Hauts-de-France a réussi à drainer le public familial avec des ateliers cuisine et poésie pour les enfants. Sur l'espace Nouvelle-Aquitaine, on envisage de « revisiter la programmation pour aller vers plus de performances » l'an prochain.

Certains éditeurs soulignent toutefois les limites de la programmation interactive. « Mettre en place des animations demande plus d'espace et d'investissement, notamment de la part des petits éditeurs qui sont le plus en déficit de visibilité et de fonds », note Emilie Marlé, chargée de l'événementiel pour Bragelonne. Chez un grand éditeur, on se méfie carrément de la « gadgetisation » du salon. Les organisateurs préfèrent parler d'une « dynamisation », qui devrait se poursuivre dans les années à venir.

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Le gilet du Diable. Gilet jaune sur fausse fourrure dans le dressing du Diable vauvert, qui publie le 21 mars, avec Massot éditions, Crépuscule de Juan Branco, préfacé par Denis Robert. Ce pamphlet d'abord diffusé sur Internet en marge du mouvement des « gilets jaunes » a été tiré à 32 000 exemplaires après réimpression.- Photo OLIVIER DION
4 500 livres achetés. Pour la librairie du pavillon d'honneur, dédiée à l'Europe, c'est une « petite année ». A l'équilibre, Gibert Joseph, qui la gérait, a écoulé 4 500 volumes, principalement du fonds, avec des poches et de la littérature. Le panier moyen était de 18 euros.- Photo OLIVIER DION
Amazon au cœur du salon. Le symbole en a heurté plus d'un. Amazon, et sa plateforme d'autoédition, avait un stand massif entre le stand Madrigall et celui du Livre de poche, en face de L'Ecole des loisirs et d'Albin Michel. Un voisin gênant que la plupart des exposants ont découvert le soir de l'inauguration.- Photo OLIVIER DION
Un faux air de Montreuil. Livre Paris a bien démarré vendredi grâce à la forte affluence de scolaires, rappelant un peu celle du salon de Montreuil. Au total, il enregistre une hausse de 10 % de la présence des visiteurs de moins de 18 ans.- Photo OLIVIER DION
D'un ministre à l'autre. Si le parcours officiel de l'inauguration de Livre Paris par Edouard Philippe et Franck Riester ne passait pas par Actes Sud, l'ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen, qui a pu reprendre ses fonctions d'éditrice, a croisé le nouveau ministre pour une discussion informelle dans les allées.- Photo OLIVIER DION

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Ces éditeurs qu'on ne voit qu'au salon. Les éditions Sharon Kena, spécialisées dans la romance sous toutes ses formes - bit-lit, fantastique et imaginaire, chick-lit - ont leurs fidèles et leur stand n'a pas désempli du week-end.- Photo OLIVIER DION
Peu de politiques. Peu de politiques ont misé sur Livre Paris pour faire campagne pour les Européennes. Le commissaire européen Pierre Moscovici, ici entouré de Pierre Dutilleul (directeur général du SNE) et de Vincent Montagne (président du SNE), brandit la pancarte pour la directive droit d'auteur, dont le Parlement européen examinera le texte définitif la semaine prochaine. - Photo OLIVIER DION
Numéro de duettistes. Sur un stand Madrigall resserré, Antoine Gallimard, le président du groupe, est entouré du duo qu'il a nommé en octobre à la tête de Flammarion, Anna Pavlowitch et Patrice Margotin.- Photo OLIVIER DION
Pierre Conte aux petits soins. Le directeur général d'Editis, Pierre Conte, assiste l'auteure feel-good Raphaëlle Giordano, dont le dernier roman est coédité par Eyrolles et Plon. Elle enchaîne les dédicaces, mêlant tampons et petits mots.- Photo OLIVIER DION
Passage de relais. Ancien P-DG de Flammarion, Gilles Haéri (au centre) a été choisi par Francis Esménard (à droite) pour lui succéder en janvier dernier à la tête d'Albin Michel. Francis Esménard a dirigé la maison pendant cinquante ans, notamment avec Richard Ducousset (à gauche).- Photo OLIVIER DION
Toujours des stars. L'actrice Josiane Balasko a dédicacé pendant 2 heures Jamaiplu, paru chez Pygmalion. Ce recueil de nouvelles fantastiques drôles ou acerbes constitue la 5e meilleure vente du stand Madrigall.- Photo OLIVIER DION

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Des billets pour Mascate. Plus que des livres, l'office de tourisme du sultanat d'Oman proposait des concerts de musique classique et des jeux, avec à la clé un billet d'avion pour Mascate. Ce grand stand, ici avant l'ouverture, faisait face à ceux de l'Arabie saoudite et de la Sofia.- Photo OLIVIER DION
De la République à la porte de Versailles. L'écrivain Kamel Daoud a fait patienter ses lecteurs dimanche, arrivant directement de la place de la République où se tenait une manifestation contre le président algérien Bouteflika.- Photo OLIVIER DION
L'épineux débat de la surproduction. Le débat « Publie-t-on trop de livres ? », qui ouvrait la journée professionnelle sur le stand du CNL en partenariat avec Livres Hebdo, était éminemment politique, attirant plus de 150 personnes dont les représentants de chacun des maillons de la chaîne du livre.- Photo OLIVIER DION
Editis voit grand. Editis, qui arborait son nouveau logo, est le groupe au plus grand stand à Livre Paris, avec ses deux îlots réunissant presque toutes ses maisons.- Photo OLIVIER DION
Lattès sous le manteau. Delphine de Vigan signait samedi Les gratitudes, paru chez Lattès, sur le stand du Livre de poche, seule maison du groupe Hachette, avec Pika, à être présente au salon.- Photo OLIVIER DION

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