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Les défenses des Olyphant

Stuart Nadler - Photo Jean-Luc bertini/Albin Michel

Les défenses des Olyphant

Trois femmes, de trois générations différentes, prises au moment où bascule leur vie. Le deuxième roman du très doué Stuart Nadler.

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Par Olivier Mony
avec Créé le 19.04.2017 à 22h02 ,
Mis à jour le 21.04.2017 à 00h00

La première, c’est Henrietta, la mère. Cette septuagénaire, universitaire respectée, veuve depuis peu (son mari, restaurateur à Boston et tenant d’une cuisine française un peu trop riche pour être honnête, a fini par être emporté par là où il avait pêché), et depuis lors placée dans une situation financière difficile, doit se résoudre à accepter que soit réédité un roman dont elle est l’auteure, Les inséparables, brûlot féministe et érotique, best-seller improbable comme seules les libertaires années 1970 surent en produire. La deuxième, c’est sa fille, Oona. Quarante ans, une brillante chirurgienne, elle aussi en rupture de ban conjugal. Son mari, Spencer, s’étant au fil des ans exagérément laissé allé à son goût conjoint pour la marijuana et la procrastination. Oona a trouvé refuge chez sa mère, et ce "retour à l’expéditrice" ne va pas pour l’une et l’autre sans poser quelques problèmes. La troisième enfin, c’est la fille et petite-fille, Lydia, 15 ans. Cette lycéenne douée doit subir une mesure d’exclusion temporaire de son pensionnat depuis qu’une photo d’elle dénudée, imprudemment envoyée à l’un de ses coreligionnaires, circule entre ses camarades. Trois femmes, de trois générations différentes donc, mais saisies en un identique moment de crise, ce sont les Olyphant, gynécée et famille "wasp" réglementairement dysfonctionnelle, emportées par la difficulté de vivre autant que par la force de leur désir.

Les lecteurs d’Un été à Bluepoint (Albin Michel, 2015), son premier roman, savent déjà que Stuart Nadler est un magnifique romancier classique, presque fitzgeraldien. Ceux de ce roman impeccable, Les inséparables, aussi brillant que drôle et finalement émouvant, vont le découvrir en ces habits neufs de conteur moral qui semblent comme taillés pour lui, sans rien renier de sa belle acuité psychologique, ni de sa capacité d’incarnation. Tout en ces pages, dans cette comédie sentimentale et noire, est d’une justesse et d’une humanité profondes. Nadler accompagne ses personnages jusque dans leurs égarements sans jamais les accabler d’un quelconque jugement. Olivier Mony

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