4 mai > Nouvelles France > Claire Castillon

Bienvenue dans l’âge ingrat, ce temps où "deux semaines, c’est quatre vies", où l’on veut beaucoup et où l’on ne peut pas grand-chose. Claire Castillon fait le guide au pays de l’adolescence en vingt-neuf courtes nouvelles qui, à l’exception de la dernière, terrible, ont quelque chose de plus doux que ce à quoi l’écrivaine nous avait habitués. Bien sûr, il y a toujours ces petites flèches trempées dans l’acide qu’elle a l’art de décocher, dans ces saynètes qui parlent autant d’adolescents (ce sont des filles surtout qui se racontent) que de parents. Ces parents qui disent non à l’iPhone, aux oreilles percées, aux sorties le soir en semaine après 23 heures… Ces parents décidément "trop nuls" : les mères poules trop poules, les mères distantes trop distantes, les pères absents, les pères présents. Les couples trop complices qui excluent leurs enfants. Les parents trop conventionnels et les trop bohèmes - leur fille veut devenir experte-comptable. Ceux dont on vomit le mode de vie mais à qui on demande de l’argent quand on sort. Ceux qui vous font honte en public mais que vous continuez à ménager secrètement, même s’il faut prendre ses distances. "Petite, j’aimais ma mère. Cet amour-là s’est rétréci. Plus je grandis, plus il rapetisse."

Peut-être que ce qui donne son ton plus attendri à ces autoportraits - les jeunes filles éprises de vieux barbons dans le précédent recueil, Les messieurs (L’Olivier, 2016) qui paraît chez Points, étaient autrement plus garces - est le mélange paradoxal d’ingénuité cruelle et de sollicitude mature que perce l’écrivaine sous la carapace de provocation de ces ados. Plus attentionnées qu’elles ne veulent le laisser paraître. Si soumises au regard des autres, parents compris, tout en se croyant affranchies. Rebelles, certes, mais un peu. V. R.

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