18 AOÛT - ÉCONOMIE Angleterre

La question est importante : "Pourquoi ne pas prendre le travail humain pour unité de mesure ou étalon de la valeur ?" Elle est posée par David Ricardo (1772-1823) au début du XIXe siècle, au moment où s'élabore l'économie politique. Ce Britannique qui fit fortune grâce à la Bourse - preuve qu'il en connaissait bien les mécanismes ! - est devenu l'un des grands économistes classiques, continuateur d'Adam Smith - l'auteur de La richesse des nations - et pionnier de la macroéconomie. Il est surtout connu pour Des principes de l'économie politique et de l'impôt (1817) où il envisage la notion de salaire de subsistance des travailleurs et souligne les limites de l'accumulation du capital. On comprend pourquoi Marx s'en inspira.

David Zapero Maier nous propose le dernier texte, inachevé, de David Ricardo. Il concerne ce phénomène de valeur qui a occupé les dernières années de sa vie. Bref, dense, assez conceptuel dans sa forme mais précis dans ses illustrations, l'auteur explique que la valeur absolue d'une marchandise - qu'il distingue du prix - peut varier. Pour lui, cette valeur économique est déterminée par le temps de travail et seul ce travail rend possible la valeur d'échange. "Il se peut qu'il soit vrai de dire que la valeur relative des marchandises les unes par rapport aux autres correspond à leur coût de production, ou à la quantité de capital qu'on y investit pour des durées identiques, mais il ne paraît pas correct de dire que leur valeur relative dépend de la quantité de travail incorporée en elles."

Bien sûr, Ricardo nous parle du XIXe siècle, des transformations sociales et économiques apportées par la révolution industrielle, mais son analyse garde son intérêt aujourd'hui lorsqu'il explique le rapport entre le prix d'une marchandise et la quantité de travail nécessaire à sa production ou bien lorsqu'il souligne l'importance du travail dans la valeur d'échange.

Cette théorie de la valeur, où il est beaucoup question de crevettes et de tissu dans les exemples donnés, trouve son unité de mesure dans l'échange et le temps de travail. Notre époque de spéculation et de dérégulation avec une économie virtuelle qui ne communique plus avec l'économie réelle tirerait profit de la lecture de Ricardo, qui insiste sur la valeur du travail et rappelle que la richesse provient d'abord de ce travail ; donc de l'homme, sans lequel il n'y a pas d'économie.

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