La jeunesse, nouveau relais de croissance ?

La jeunesse, nouveau relais de croissance ?

Pré carré des éditeurs jeunesse, les activités manuelles et artistiques suscitent les appétits des maisons spécialisées en loisirs créatifs, comme les éditions de Saxe ou L’Inédite, qui espèrent profiter de l’engouement pour les pédagogies alternatives.

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Par Cécile Charonnat
avec Créé le 15.09.2017 à 01h54

"Le phénomène Do it yourself s’est installé crescendo, dopé notamment par l’envie de faire soi-même avec peu de moyens tout en en produisant quelque chose de gratifiant." Emmanuelle Braine-Bonnaire, Fleurus- Photo OLIVIER DION

Effet crise, besoin de manipuler face au poids prégnant des écrans, image rajeunie et branchée délivrée par le Do it yourself qui touche jusqu’aux très jeunes adolescents, libération de la créativité des enfants grâce aux pédagogies alternatives… Les facteurs ne manquent pas pour expliquer le rebond des ouvrages de loisirs créatifs pour enfants constaté depuis deux à trois ans. "Le phénomène s’est installé crescendo, dopé notamment par l’envie de faire soi-même avec peu de moyens tout en en produisant quelque chose de gratifiant", confirme Emmanuelle Braine-Bonnaire, directrice éditoriale du pôle jeunesse et activités chez Fleurus.

Ce regain n’a pas échappé aux éditeurs de loisirs créatifs. Sortant de leur prudence coutumière sur ce terrain, "qui fait peu de bruit mais qui assure des volumes de ventes très réguliers", soutient Emmanuelle Braine-Bonnaire, ils sont plusieurs à lancer des offres élaborées et structurées, chargées de fournir de nouveaux relais de croissance. Vivianne Rousset, qui dirige les éditions de Saxe, affirme vouloir y consacrer une "bonne part de sa production d’ici à mars 2018". Une politique qu’a déjà adoptée sa consœur du Temps apprivoisé, Anne-Sophie Pawlas, qui a créé en 2016 une nouvelle marque, Le Temps apprivoisé Jeunesse. Inaugurée avec la collection de coffrets "Mon atelier ré’créatif", qui comprend 5 références et a rencontré des succès inégaux, la marque s’est enrichie en avril de Petites expériences avec ses sens. Déjà réimprimé, l’ouvrage, qui "emprunte à la pédagogie Montessori, rencontre un succès encourageant", se félicite Anne-Sophie Pawlas.

Créations et pédagogie

Entendant profiter de cet engouement croissant, les éditeurs de loisirs créatifs s’appuient sur les pédagogies alternatives, qui font la part belle aux manipulations et autres expériences, pour concevoir et promouvoir leurs ouvrages. "La libération de la créativité des enfants est dans l’air du temps", relèvent Aurélie Aminian et Barbara Astruc, chargées de l’éditorial chez L’Inédite, et qui citent en exemple la multiplication "des ateliers pratiques. Au-delà, c’est aussi une manière de renouer avec ses enfants et de partager un moment." Elles ont fait de ce segment l’un des axes forts de la reconstruction du catalogue de L’Inédite, lui dédiant l’une des deux collections créées cette année. Résolument positionnés comme du loisir créatif, les quatre titres des "Petites créa faciles" s’appuient sur des auteurs spécialisés dans ce domaine, "accompagnés pour déployer une pédagogie propre aux enfants", explique Aurélie Aminian, qui a par exemple imaginé deux mascottes afin d’introduire une narration et a déployé des pas-à-pas illustrés et non photographiés. Bénéficiant d’une double lecture afin que les ouvrages puissent être aussi utilisés par les parents, la collection répond également "à une demande dans les écoles et les centres de loisirs" et devrait s’enrichir de nouveaux titres avant les vacances scolaires.

Plus prudent, Eyrolles se limite à la publication d’un seul titre sur le sujet, adossé à la méthode Reggio (L’atelier créatif avec les enfants, septembre), qui s’apparente plus "à une opportunité qu’à un axe de développement", admet Eric Sulpice, directeur éditorial. Echaudé par des échecs précédents, Thierry Lamarre, directeur de la diversification chez Marie Claire, se montre tout aussi méfiant. Un seul titre figure à son catalogue en 2017, Atelier DIY pour enfants, paru en mai, et qui n’annonce pas, pour le moment, de collection. "L’enfant, c’est plus risqué : la monotechnique risque de les lasser et le coffret, sans doute l’une des meilleures formules, reste difficile à fabriquer en raison notamment de l’équation entre matériel adapté et de qualité, et prix bas", analyse Thierry Lamarre, qui pointe par ailleurs "l’absence de demande de la part des distributeurs".

15.09 2017

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