Témoignage

Hugues de Saint Vincent, un visionnaire atypique qui ne lâchait rien

Hugues de Saint Vincent à son bureau, chez Hugo & Cie. - Photo Olivier Dion

Hugues de Saint Vincent, un visionnaire atypique qui ne lâchait rien

Didier Baraud, directeur de La Martinière Jeunesse-Seuil Jeunesse, rend hommage à son confrère Hugues de Saint Vincent, fondateur de Mango et d’Hugo & Cie, disparu le 1er mai.

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Par Anne-Laure Walter
Créé le 04.05.2018 à 16h49

"HSV. Trois lettres pour résumer Hugues de Saint Vincent? Impossible tant Hugues était multiple, puissant et généreux. D’une rare générosité avec les gens, d’une rare écoute. Hugues écoutait les gens avec une immense attention. Pour s’en nourrir, sans doute, mais aussi pour mieux comprendre avec qui il échangeait. Cette immense curiosité sur les gens, sur le monde, en a fait un des éditeurs les plus visionnaires de ces trente dernières années. En effet, ce garçon qui venait de HEC, loin du sérail de l’édition, n’était en rien destiné à créer, au début des années 1990, une des plus atypiques et dynamiques maisons d’édition pour la jeunesse: Mango. Il n’hésitait pas à swinguer entre des livres sur les Tortues Ninja et la revue Dada. Ouverture d’esprit, générosité, les collaboratrices et collaborateurs dont il s’entourait devenaient rapidement ses amis et ne venaient justement pas du sérail. Des gens comme lui: atypiques et curieux. Des "bras cassés", des zozos comme ont pu le penser certains, à l’époque? Peut-être… mais, n’y connaissant rien, cette belle équipe osait tout. Grâce bien sûr à Hugues, qui était curieux des êtres et des choses, qui défendait l’indéfendable, qui bataillait pour défendre sa tribu: "On ne lâche rien!" hurlait-il. Un passionné et un boulimique de travail qui dévorait la vie. Trop peut-être, trop vite? Sûrement, et avec tant d’avidité: il fumait comme un pompier et refaisait souvent le monde de l’édition devant une belle tablée et une bouteille de bordeaux. Cette rare santé, cette rare force l’a toujours aidé à surmonter les obstacles, à rebondir en créant il y a quelques années Hugo & Cie, là aussi, une maison réellement impertinente et atypique. Dernièrement, lorsque Jacques Higelin a disparu, j’ai eu une pensée pour Hugues - il l’adorait! Je pensais qu’il était triste et je pensais à lui quand il chantait (faux!) à tue-tête dans les couloirs: "Pars! surtout ne te retourne pas!" Aujourd’hui, j’y pense encore."

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