Fanfiction, phénomène ou poudre aux yeux ?

Fanfiction, phénomène ou poudre aux yeux ?

A partir d’un héros qu’ils vénèrent, des auteurs en herbe déclinent de nouvelles histoires… l’esprit communautaire envahit la création littéraire.

Par Vincy Thomas
avec vt Créé le 15.04.2015 à 21h00

Prenez un fan terriblement accro à son héros préféré, un Harry Potter par exemple. Dotez-le d’un accès à Internet. Et le « fanfiqueur », qui se cache souvent derrière un pseudonyme très imagé, va se réapproprier le magicien ou l’un de ses acolytes pour écrire sa propre version des faits. Ainsi des aventures d’Harry Potter (les « Potterfiction »), signées d’adolescents (mais pas forcément), fleurissent sur le web et font concurrence à l’imagination de J.K. Rowlings. La motivation d’un « fanfic » est souvent l’impatience (d’attendre le prochain tome) ou la présomption. Peu importe, les clics sont au rendez-vous. Certains sont lus par des milliers d’internautes.

« Je » de rôles

Si Harry Potter est évidemment le personnage le plus décliné, ces romans amateurs ou évolutifs sortent de leur cadre communautaire stricto sensu en étant diffuser au public le plus large, via le web. L’idée est similaire aux jeux de rôles en jeux vidéos : réutiliser des personnages dans un univers plus personnalisé, complété par un jargon propre à cette création. Quelques auteurs font même du « Self Insert », c'est-à-dire qu’ils s’intègrent dans l’histoire, aux côtés des personnages fictifs.

Diverses approches

Certains écrivent des histoires courtes de moins de 3000 mots. Il y aussi ceux qui fusionnent les sujets (Highlander mixé à StarGate). D’autres réutilisent les commentaires ou les suggestions de leurs lecteurs pour faire évoluer l’intrigue ou corriger leur style. La fiction devient alors série et se publie chapitre par chapitre.

Le lectorat agit comme une vigie correctrice : incohérences, fautes, psychologie… Rien n’échappe aux yeux des autres fans lecteurs. Car, à l’instar des versions originelles, le succès de la Fanfiction dépend essentiellement de sa qualité et des bonnes critiques des internautes.

David contre Goliath

Mais à l’origine, ce phénomène, très présent en Asie et en Amérique du Nord, avait été créé pour défier les multinationales de l’édition et « pirater » les héros contemporains. Une manière de ne pas dépendre des stratégies marketing ou de les contourner.

Si les séries TV sont évidemment les plus inspirantes, les sagas de Rowling ou Tolkien bénéficient d’un volume important de contributions parallèles aux sorties officielles. Un véritable atelier d’écriture pour ces écrivains en herbe qui ambitionnent tous d’être édités… sur papier.

15.04 2015

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