Des "asilothèques" pour les réfugiés

"L’engagement fait la force !" Campagne de fund raising pour l’Asylothek de Berlin-Tempelhof, l’ancien aéroport de Berlin, où est établi un vaste camp d’hébergement pour les réfugiés du Moyen-Orient. - Photo Asylothek Berlin-Tempelhof/DR

Des "asilothèques" pour les réfugiés

En Allemagne, bibliothèques et éditeurs se mobilisent pour proposer aux réfugiés des livres en langue arabe.

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Par Gilles Bouvaist
avec Créé le 26.02.2016 à 01h00

Outre-Rhin, l’heure est à la mobilisation générale pour intégrer le million de demandeurs d’asile, en majorité originaires de Syrie mais aussi d’Irak ou d’Afghanistan. Un contexte qui place les bibliothèques en première ligne. Pour Hans Schiler, l’un des pionniers dans l’importation des textes arabes outre-Rhin - il a fondé en 1977 une maison d’édition spécialisée qui porte aujourd’hui son nom -, ces dernières ont un "rôle central" à jouer : "Les réfugiés sont éparpillés sur tout le territoire dans un nombre incalculable de communes. Avant qu’ils puissent lire en allemand, cela va demander du temps, et de nombreux cours de langue. Ce n’est qu’à partir du moment où des livres en arabe sont disponibles que ces derniers ont la possibilité de lire quelque chose." Depuis septembre, les Etats-régions ont débloqué des fonds permettant aux bibliothèques de "mettre en place une offre spécifique pour les demandeurs d’asile", explique Lisa Pohl, qui travaille dans un département dédié à l’intégration au sein d’EKZ, un prestataire pour bibliothèques.

Découpage fédéral oblige, les initiatives sont menées en ordre dispersé. L’Association des bibliothécaires allemands a créé une commission du travail interculturel pour centraliser les expériences. Comme à Brême, où le réseau des bibliothèques a délocalisé une sélection d’ouvrages au sein des différents foyers de la ville. Ou à Francfort, qui a décidé d’assouplir ses conditions de prêt et d’instaurer la gratuité pour les réfugiés. A Grassau, une commune de Haute-Bavière, la bibliothèque a développé un concept d’"asilothèque" (Asylothek) regroupant 200 références de livres pour enfants en arabe, mais aussi en russe, en français et en anglais. Le concept a été repris par des bénévoles dans tout le pays.

Lisa Pohl remarque que la demande est à la fois ciblée et généraliste : "Certaines bibliothèques nous disent être surtout confrontées à des familles et avoir besoin de livres pour enfants, mais la plupart font des achats mixtes et cherchent à avoir une offre globale." Celle-ci passe également par d’autres médias : presse arabe, films sous-titrés… "Nous avons aussi dans notre catalogue de la musique du Moyen-Orient, ajoute Lisa Pohl. Il faut garder à l’esprit que les réfugiés souvent ne peuvent pas travailler. Nous nous efforçons de proposer de quoi tuer l’ennui pour ceux qui passent leurs journées dans des foyers surpeuplés." Il en va ainsi d’initiatives plus ludiques "autour de jeux de société simples, permettant de faire connaissance".

Conséquence logique, selon Hans Schiler, "la demande de livres traduits de l’arabe a beaucoup augmenté, notamment des livres pour enfants en version bilingue". Lui-même annonce son intention de publier en 2016 cinq titres sur ce modèle. Il relève également dans son catalogue une demande accrue pour la littérature arabe. D’après lui, "beaucoup de gens s’engagent pour aider les demandeurs d’asile, ils veulent mieux comprendre le contexte, dont on peut faire en partie l’expérience grâce à la littérature". d G. B., à Berlin

L’Association des bibliothécaires allemands a recensé les bonnes pratiques pour les "Asylothek" ici :

www.bibliotheksportal.de/themen/bibliothekskunden/interkulturelle-bibliothek/praxisbeispiele/bibliotheksangebote-fuer-fluechtlinge-und-asylbewerber.html

26.02 2016

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