8 janvier > roman France

London WC2 (Les Impressions nouvelles, 2013), le précédent roman de Gilles Sebhan, offrait un voyage vers l’Angleterre des années punk. Salamandre, qui marque son arrivée au Dilettante, ouvre la porte sur un autre Paris. Celui où gravitent des garçons qui tapinent dans les cabines d’un sex-shop, le Vidéodrome, et leurs clients. Celui où se pratique une sexualité rapide et clandestine.

Un mardi soir, à une heure de faible fréquentation, un meurtre a eu lieu dans la cabine numéro trois. Le narrateur - un personnage qui a pris l’habitude de rester dans l’ombre et de guetter sa proie - a été le dernier à voir le défunt avant qu’il ne tombe sous les coups de couteau de son assassin. L’homme qui vient de mourir, la presse le décrit comme « connu des services de police ». On l’appelait le « Professeur », « Monsieur X » ou encore « Salamandre » à cause du tatouage qu’il arborait sur l’avant-bras droit.

Il portait un grand manteau noir, avait le visage pâle et émacié, venait régulièrement descendre « aux Enfers », cherchant « l’oubli de soi ». Au Vidéodrome, il croisait Mihail, « archange nerveux » et gigolo, ou encore une flopée de garçons arrivés d’Europe de l’Est, d’Afrique ou d’Orient. Salamandre, le lecteur l’apprend, a jadis enseigné la littérature à Casablanca, au milieu des années 1980, dans un lycée militaire.

Durant cette époque, il était sous la coupe d’un Didier qui prenait plaisir à le soumettre, il aimait à discuter avec une Khadija que tout le monde appelait Hélène, et se voulait le bienfaiteur du jeune Mouloud. Egalement poète, Salamandre avait rejoint Paris dans les années 1990, logeant alors dans la chambre d’une pension donnant sur une voie ferrée.

Peu à peu, grâce aux talents de conteur de l’auteur de Tony Duvert, l’enfant silencieux (Denoël, 2010), voilà que se dessine le portrait d’un personnage étrange qui aimait la peur qu’il ressentait et jouissait d’être à la merci d’un autre… Tour à tour sulfureux et poétique, Salamandre rend hommage à Jean Genet et François Augiéras tout en réaffirmant le talent d’un Gilles Sebhan en grande forme.

Al. F.

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