Un escalier. Oui, au départ de cette chronique se trouve un escalier. Celui qui permet d'accéder à la Bnf et que doivent emprunter désormais depuis un an les visiteurs de cet établissement public. Il avait vocation à remplacer l'accès initial par un tapis roulant défectueux autant que dangereux. Et si la préciosité d'un trésor se mesure à la difficulté de son accès, la Bnf est alors particulièrement remarquable. Là où la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec est simplement accessible depuis le métro sans même sortir à l'extérieur, le visiteur de la Bnf doit sortir des profondeurs du métro et rejoindre l'esplanade qui se révèle une patinoire par temps humide (et pire par fort vent). Ce danger est devenu de notoriété publique sans que la BnF n'ait à publier le chiffre noir du nombre d'accidents recensés. L'institution a d'ailleurs fini par mettre en garde le visiteur dès son arrivée sur le site à travers une signalétique plus inquiétante que rassurante.
En lieu et place d'une annonce de bienvenue, voilà le visiteur prévenu. Mais il n'est pas au terme de son aventure car il doit franchir une nouvelle épreuve, celle de l'escalier. Car pour rejoindre les salles de la BnF, il faut redescendre une douzaine de mètres. Installé depuis un an, le nouvel escalier compte 49 marches (24+25) qui sont ajourées et fournissent une profonde impression de vertige.
Nombreux sont ceux qui s'emparent de leur courage et d'une main courante pour entamer la descente. Tous sont très concentrés non sur leurs travaux à venir mais sur la succession de leurs pas. Les talons aiguilles sont bien sûr à proscrire... Il n'est guère besoin de rester longtemps à observer les visiteurs pour prendre des photos qui attestent de leur trouble.
Pour ceux qui pensaient échapper à cette épreuve en prenant l'ascenseur, ils doivent s'en remettre à la chance car il est très régulièrement en panne comme l'atteste ce témoignage récent et ce compte-rendu de l'Association des Lecteurs et Usagers de la BnF.
Depuis sa mise en service le 29 novembre 2013, on peut estimer à 770 000 le nombre de fois que des visiteurs se sont affrontés à cette descente. Il aurait été l'occasion d'améliorer l'accès à ce lieu et c'est bien sûr un échec qui n'étonne personne. Peu après l'inauguration Le Monde émettait déjà de sérieux doutes. La fréquentation physique de ce lieu qui s'effrite depuis plusieurs années (-17% entre 2008 et 2013 pour les visites au Haut-de-Jardin) ne risque pas de s'améliorer du fait de ce nouvel obstacle. Comment est-il possible de proposer un tel ouvrage dans ce contexte ? Faut-il être sûr de soi pour imposer à tant de visiteurs une telle épreuve et pour si longtemps !
Incroyable mais vrai ! L'auteur de l'escalier est Dominique Perrault, celui-là même qui a conçu ce lieu si controversé et dangereux... Celui-ci bénéficie très probablement d'un droit de regard sur son « œuvre » et il en a usé jusqu'à l'abus et avec une rétribution à la hauteur de sa prétention. A propos de cette nouvelle entrée, il déclarait ainsi au Monde : « Je préfère m'infliger à moi-même cette réflexion plutôt que d'autres ne me l'infligent ». Il ne lui vient pas à l'esprit que c'est aux autres, à tous ces visiteurs qu'il inflige son narcissisme. N'était-il pas possible de mettre un frein à cette liberté irresponsable ? Peut-on à ce point mépriser le public qu'on lui fasse subir une « œuvre » ? Si on demande légitimement aux bibliothécaires d'aujourd'hui « d'aimer les gens », n'est-il pas indispensable de l'exiger d'un architecte de bibliothèque ? Comment accepter un « geste » d'architecte quand il porte sur un lieu très fréquenté et dont on sait qu'il sera contraire aux pratiques élémentaires des visiteurs ? Après le « geste », Dominique Perrault est autorisé à « gesticuler ».
Si les clauses du contrat qui lie la Bnf à son créateur sont insupportables, il appartenait à Bruno Racine de les dénoncer. Faut-il que les citoyens soient à jamais « victimes » de l'irresponsabilité et du désir de grandeur d'un président d'un autre siècle ? Vertige.
Avec la parution du Couteau, Salman Rushdie entend tourner la page de l’agression qui a failli lui coûter la vie, le 12 août 2022, à Chautauqua, dans l’État de New York. Mais son livre n’est pas seulement le récit factuel de l’attentat, de sa survie puis de sa résurrection, et certainement pas un règlement de comptes. Plutôt une catharsis, une ode à la littérature, à la liberté de penser et d’écrire, et, dit-il, « une histoire d’amour » dédiée à ses proches : sa femme Eliza, ses fils Zafar et Milan, sa sœur Sameen. C’est aussi un texte plein d’humour, comme son auteur. De passage à Paris pour la promotion de son livre, c’est, malgré la haute protection policière dont il est entouré, un Salman Rushdie détendu, très en forme, heureux d’être de retour en France, qui a répondu avec spontanéité aux questions de Livres Hebdo.
Avec le Chevalier aux épines, trilogie publiée en un an aux Moutons électriques et encensée par les lecteurs, Jean-Philippe Jaworski a signé son grand retour dans l’univers du « Vieux Royaume ». Alors que le premier tome de la saga, Le tournoi des preux, vient de paraître en poche chez Folio Fantasy avec un tirage de 20 000 exemplaires, l’auteur nancéien s’est confié à Livres Hebdo.
Par
Charles Knappek
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