7 janvier > Récit France

Naturellement, toute relation entre le fait qu’Emmanuelle Allibert soit attachée de presse chez JC Lattès, et qu’elle ait tenu une chronique amusée de sa profession dans l’émission "Au Field de la nuit", ne saurait être qu’une coïncidence.

D’ailleurs, ce livre, son premier, n’est pas écrit à la première personne et les personnages principaux, l’Auteur, l’Editeur, l’Attachée de presse, trio d’une relation à la fois infernale et indissoluble, y sont sacralisés d’une majuscule. Disons qu’il s’agit quand même d’une autofiction, puisque à plusieurs reprises y apparaît Emmanuelle Allibert en personne, soit en "attachée de presse hors pair" réclamée par l’Auteur à l’Editeur - et sa seule exigence satisfaite, apparemment -, soit dans une lettre désopilante à Julien Bisson, bras droit de François Busnel à Lire, lui vantant les mérites de son chef-d’œuvre, "la découverte stylistique de l’année", soit encore mettant en scène de façon amusée la façon dont elle est elle-même devenue Auteur, recrutée par Angie David, chez Léo Scheer.

A un premier niveau de lecture, tout cela est bien germanopratin. Les connaisseurs du milieu littéraire y reconnaîtront les leurs, se délectant des private jokes, de la caricature de telle pratique ou de telle scène de la vie éditoriale, trop véridique pour avoir été inventée. Naturellement, c’était le postulat de base, Emmanuelle Allibert croque quelques travers, surtout ceux de l’Auteur, présenté comme vaniteux, capricieux, mégalo, angoissé, un parasite qui vit aux crochets de sa maison d’édition. L’Editeur, lui, est globalement épargné. L’Attachée de presse, elle, est parfaite, forcément. Mais à travers les lignes, le néophyte, curieux des coulisses de l’édition, découvrira une espèce de petit manuel pratique, lequel pourra lui éviter quelques écueils, si, de simple Lecteur, il lui prend la fantaisie, un jour, de devenir Auteur à son tour. Côté fantaisie, on apprécie celle d’Emmanuelle Allibert, dont la culture va de Victor Hugo ("croyez-vous qu’il aurait autant marqué les esprits avec Les opulents ou Les veinards") ou Verlaine à Aznavour, Balavoine ou Pierre Richard, dont elle fait, page 89, l’une des vedettes d’Un éléphant ça trompe énormément, film dans lequel il ne joue pas. Péché véniel pour un livre réussi et enlevé. Quant à savoir quel Auteur sera Emmanuelle Allibert, il faudra interroger son Attachée de presse. Jean-Claude Perrier

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