Anne Hidalgo débat avec trente libraires parisiens

Anne Hidalgo

Anne Hidalgo débat avec trente libraires parisiens

Lundi 1er juillet, la candidate socialiste pour la mairie de Paris, et actuelle première adjointe de Bertrand Delanoë, a esquissé son programme pour protéger et valoriser les librairies parisiennes.

Par Vincy Thomas
avec vt Créé le 21.11.2013 à 17h21

Cet après-midi, à la Maison des Mines (Paris 5e), Anne Hidalgo, entourée de quelques élus parisiens, rencontrait les libraires. Ils étaient une trentaine à avoir répondu à l'invitation de ce débat professionnel, n'hésitant pas à critiquer l'action municipale sur certains points ou à faire des propositions pour la prochaine mandature.

Anne Hidalgo, actuelle première adjointe de Bertrand Delanoë, est en campagne pour lui succéder. La candidate socialiste a rappelé en préambule que les librairies n'étaient pas un « commerce comme les autres » avant de répertorier les problèmes du secteur : les loyers exorbitants, la concurrence des commerçants sur internet, les commandes publiques et plus généralement l'absence de liens entre les réseaux de lecture publique et les librairies...

Laissant les libraires s'exprimer, certains voulant croire au pouvoir des élus, d'autres ne cachant pas leurs désillusions, elle a affirmé vouloir « écrire une nouvelle page » dans ce domaine. « La situation du livre a beaucoup changé en dix ans. Cela nous oblige à revoir notre politique. » Son équipe a souvent vanté l'action de la Ville pour sauver les salles art et essai de cinéma, cherchant à répliquer cette politique pour les librairies.

Cinq grands axes

Après une heure et demie d'échanges, il ressort cinq axes, qui répondent à autant de questions que de critiques à l'égard de l'actuelle majorité municpale.

- nomination d'un interlocuteur unique, comme pour le cinéma, avec des compétences transversales, dépendant plutôt de la direction des affaires culturelles que du commerce et de l'artisanat. La mairie de Paris a souvent été accusée d'un manque de réactivité et d'efficacité.

- A partir de l'expérience de la Semaest dans le Quartier latin (28 librairies ouvertes ou sauvées selon la Mairie), généraliser le système à d'autres quartiers en mobilisant notamment les bailleurs sociaux et en cartographiant les zones sans librairies. Encore faut-il que les loyers et les charges proposés par la Semaest ne soient pas plus élevés que ceux d'un propriétaire privé, comme l'ont souligné quelques intervenants.

- Créer un chèque livre, municipal en prenant en compte le coût pour le libraire, afin d'inciter une ou deux fois par an, à l'achat en librairie.

- Lancer un événement multiforme et dans toute la ville, qui rassemble librairies, acteurs de la lecture publique et services municipaux (communication notamment). Plusieurs libraires ont demandé une meilleure valorisation de leur commerce : signalétique, information municipale, plans de quartiers dans le métro...

- Revoir la politique des commandes publiques, en favorisant les librairies de proximité, et des relations avec les bibliothèques, qui pourraient proposer leurs espaces pour accueillir des événements initiés par des libraires.

Les relations entre librairies et bibliothèques au coeur des enjeux

Les commandes publiques ont fait l'objet d'un vif débat. Bruno Julliard, actuel adjoint à la culture à la Ville de Paris, a diplomatiquement expliqué que la position des services juridiques de la ville avait été « extrêmement prudente jusque là. » Si l'équipe municipale soutient le Plan livre de l'ADML (Association de Défense des Métiers du Livre) qui souhaite « réaligner les procédures et modalités de fourniture et d'adjudication des marchés publics de bibliothèques (...) pour mettre fin aux dérives qui ont conduit à la promotion de monopoles destructeurs du réseau de librairies indépendantes », elle reconnaît que le temps des législateurs nationaux n'est pas adapté à l'urgence parisienne et qu'il est fondamental de revoir rapidement cette politique.

La série de propositions n'est pas définitive. D'autres pistes ont été évoquées (comme rendre le stand au salon du livre moins institutionnel et l'ouvrir aux libraires). La candidate s'est dite à l'écoute à d'autres idées. Elle définira son programme à la rentrée. En attendant ceux de ses opposants (connus), Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), Wallerand de Saint-Just (FN), Danielle Simonnet (Parti de gauche) et Christophe Najdowski (EELV).

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