C’est sûr, une heure, ce n’est pas beaucoup. Et avant de mourir, autant dire presque rien. Juste de quoi ne pas regretter. Il est alors trop tard pour rêver d’absolu. Tant pis aussi pour le savoir, il fallait s’y prendre avant. Et de toute manière, savoir quoi ? Puisque après…

Si je n’avais plus qu’une heure à vivre est un livre conçu comme une expérience de pensée. Roger-Pol Droit y développe une méditation sur ses derniers instants envisagés comme un trépas préparé, sans agonie ni douleur. Il s’interroge sur ce qu’il est, sur ce qu’il laisse. Car comment évoquer le plus intime des secrets sans se dévoiler ? Les masques tombent, le vide approche et les religions ne parviennent pas à combler celui qui cherche à comprendre. Alors, en désespoir de cause, avant l’heure fatidique, il se dit qu’il y avait bien une vie avant la mort et qu’il a bien fait d’en profiter !

Choisir la vie, face à la mort, c’était déjà le propos des Cinq méditations sur la mort de François Cheng (Albin Michel, 2013), jolie surprise des meilleures ventes de fin d’année. Dans la lignée de Françoise Héritier et de son Goût des mots (Odile Jacob, 2013), le philosophe devient un peu plus écrivain. Il délaisse les grandes théories qui voudraient tout dire pour les petites pensées qui réconfortent. Il s’enthousiasme même pour l’ignorance de Socrate, la déraison d’Erasme et la folie de Pascal. Mais, en fin de compte, c’est Montaigne qui l’emporte, notre Sénèque bordelais si sage et si utile dans les moments difficiles.

L’auteur de 101 expériences de philosophie quotidienne (Odile Jacob, 2003) et de Petites expériences de philosophie entre amis (Plon, 2012), par ailleurs collaborateur au Monde, au Point et aux Echos, réfléchit sur la mort qu’il qualifie de « certitude sans contenu ». Et bien sûr, cette méditation se transforme en éloge de la vie, des femmes, de l’amour, de la lecture, de l’écriture et de tant de choses qui font qu’on est mieux ici que là-bas.

Et vous, que feriez-vous si vous n’aviez plus qu’une heure à vivre ? D’ailleurs, après la lecture de cet article, il ne vous resterait plus que 58 minutes…

L. L.