Vingt ans après la parution de son premier tome en France chez Pocket Jeunesse (PKJ), La Guerre des Clans continue d’affoler les jeunes lecteurs. Devenue une référence, la série imaginée par le collectif d’autrices réunies sous le pseudonyme d’Erin Hunter n’a rien perdu de sa vigueur. Traduit dans une quarantaine de langues et vendu à plus de 80 millions d’exemplaires à travers le monde, dont 6 millions en France, le cycle des chats sauvages s’apprête même à entamer une nouvelle vie, avec une adaptation animée prévue entre fin 2027 et début 2028.
Un phénomène de la littérature jeunesse
« L’univers est fascinant, les histoires sont excellentes et l’anthropomorphisme y est traité de façon tout à fait subtile. Tous les grands thèmes de la littérature y sont ingénieusement transposés à travers la figure mystérieuse du chat, à la fois doudou et imprévisible. Les enfants qui s’y lancent sont rapidement happés et capables de dévorer une dizaine de tomes en un temps record », analyse Natacha Derevitsky, directrice adjointe du pôle jeunesse du groupe Editis et directrice littéraire de PKJ.
« C’est simple : La Guerre des Clans domine l’édition poche jeunesse en France et figure en deuxième position sur le marché de la lecture jeunesse des 8-12, juste derrière Harry Potter », poursuit-elle, avant d’ajouter que, malgré sa propre phobie des félins, « les chats ont fait la fortune de PKJ », clin d’œil à l’autre série phare, Les Chatons magiques.
Derrière ce succès colossal se cache des origines plus modestes. L’histoire de La Guerre des Clans débute au Royaume-Uni, au début des années 2000, dans les bureaux de Working Partners, une petite structure éditoriale alors composée de trois éditeurs aux moyens limités. « L’un d’entre eux possédait un chat, Peter. En l’observant regarder par la fenêtre, il s’est demandé ce à quoi pouvait bien penser son chat. Le lendemain, il présentait son idée à son équipe : celle d’un chat domestiqué, qui décide de rejoindre la vie sauvage et d’intégrer un clan », raconte la directrice de PKJ.
Une intuition éditoriale, mais un démarrage discret
Entre clans, désir de liberté, aventures pittoresques, amours impossibles, rivalités et trahisons, le concept séduit rapidement Erin Hunter, collectif d’autrices mené par Katy Cary, avec la participation de Victoria Holmes et de Cherith Baldry, à qui le projet éditorial est confié. Plus tard, le trio sera rejoint par Tui Sutherland, Inbali Iserles, Rosie Best ou encore Gillian Philip.
Malgré les espoirs placés en elle, la saga connaît des débuts timides. Si elle séduit un premier noyau de lecteurs, elle ne parvient néanmoins pas à exaucer le raz de marée escompté. En quête de sagas fortes, PKJ - qui acquiert la série à succès Heartland dans la foulée -, continue pourtant de croire au projet et décide de miser dessus, séduite par son originalité et des avaloirs jugés raisonnables. Contre toute attente, la vente des droits de la série aux États-Unis et en Chine bouleverse le destin de la série, déclenchant une dynamique internationale inédite.
Une adaptation audiovisuelle en cours
En France, le tournant s’opère également au tournant des années 2010, avec le renouvellement des couvertures empruntées à l’édition allemande, mas aussi par une accélération du rythme de publication et par une déclinaison en format poche. Résultat : les ventes s’envolent, soutenues par une communauté de jeunes lecteurs fidèles et bientôt intergénérationnels. À ce jour, six millions de copies ont été écoulées, tous formats confondus, en France, et la série a réalisé, pour l'année 2025, 17% du chiffre d'affaires global de PKJ.
Aujourd’hui, La Guerre des Clans compte sept cycles de six tomes chacun en France, tandis que huit sont parus au Royaume-Uni et aux États-Unis, et qu'un neuvième est en préparation. Au fil des années, l’univers félin fort de 70 tomes s’est enrichi de plusieurs histoires parallèles – six hors séries et une poignée de BD chez PKJ – et de nombreux produits dérivés, tels qu'un jeu vidéo sur la plateforme Roblox. Beaucoup développée à l’international, cette diversification a également émergé dans les maisons du groupe Edi8, transformant la saga en une licence à part entière.
Après son édition collector, publiée pour les fêtes de fin d'année, et alors que se profile son adaptation animée, annoncée pour fin 2027-début 2028, La Guerre des Clans prouve qu'elle n'a rien perdu de son souffle. L'année 2026 ne sera pas non plus en reste, puisque PKJ prévoit neuf parutions, en BD, poche ou grand format. La saga confirme ainsi une longévité remarquable, portée par un succès jamais démenti et s’apprête, une fois encore, à entamer un nouveau chapitre de son épopée.

