La fin d'un cycle ? Après le groupe de discussion Biblio-fr, c'est au tour du site communautaire http://www.zazieweb.fr/ de s'arrêter. Le modèle bénévole a trouvé ses limites : l'usure du temps.

Créé en 1996, le site avait évolué au fil des ans, comme de nombreux autres, d'un espace personnel à un projet plus collectif et ambitieux.

Zazieweb c'était 250 000 visiteurs uniques par mois, 22 000 membres inscrits, 20 000 abonnés à la lettre d'information et 1 912 éditeurs présents dans le Guide de la petite édition.

Dans son communiqué final mis en ligne vendredi 18 septembre, la créatrice et animatrice de Zazieweb, Isabelle Aveline avoue que “cela aurait pu vous arriver il y a déjà des semaines, peut-être même des mois, des années.”

Il ne reste de ce site ouvert aux lecteurs et aux professionnels que ce seul communiqué.

Les forums, les blogs, l'agenda, l'annuaire des sites..., tout est hors service.

Il y a trois ans, le site avait connu sa première crise de croissance, qui finalement lui aura été fatale. Zazieweb avait du se séparer de ses contractuels et avait même été obligé d'arrêter son actualisation durant l'été.

Un Ircam du texte ?

Le site n'a plus les moyens de survivre. “Parce que la chasse aux subventions est un modèle épuisant... et vain, au final : 5 000 euros par-ci, 2 000 euros par-là... (...) Parce que la «case numérique culturel» n'existe pas dans les institutions et financeurs et qu'il faut «jongler»... : non, Zazieweb n'est pas une librairie, n'est pas une maison d'édition, n'est pas une bibliothèque, n'est pas un événement littéraire, n'est pas une revue littéraire... hum..., je crois que c'est tout cela à la fois !”`

La tonalité amère du communiqué démontre une certaine frustration face à des pouvoirs publics déphasés. Plus positivement, Isabelle Aveline espère qu'un Ircam du texte sera créé et veut croire que “le pouvoir du livre n'est plus forcément le pouvoir des auteurs, des éditeurs, mais le pouvoir des lecteurs, des amateurs, en vrai, le pouvoir rendu à l'activité, l'exercice de la lecture.”

Le site est sur pause, mais il continuera à vivre. Les contributions seront modérées, le site sera accessible pour un temps indéterminé aux lecteurs inscrits, et une version d'archives pérenne devrait être mise en place.

Le Web n'a pas manqué de réagir à ce coup de grâce supplémentaire. François Bon exprime son “sentiment de gâchis et de tristesse” sur son blog http://tierslivre.net/: “Le paradoxe, écrit-il, c'est que les outils développés pour la littérature par zazieweb sont encore exemplaires, là où les éditeurs se refusent massivement aux outils Web 2.0, et on n'a cessé de voir, ces dernières années, de grands établissements ou de grandes institutions claquer des dizaines de milliers d'euros, y compris par marché public, pour lancer des outils équivalents, en oubliant un seul axiome : sur le Web, ces outils n'existent pas indépendamment de ceux qui les nourrissent et les animent.”