Russie

Une directrice de bibliothèque condamnée pour "extrémisme"

Natalia Charina - Photo dr

Une directrice de bibliothèque condamnée pour "extrémisme"

Accusée d’avoir incité à la haine raciale en diffusant de la "littérature extrémiste", Natalia Charina a été condamnée à quatre ans de prison avec sursis.

Par Cécilia Lacour,
avec AFP Créé le 06.06.2017 à 18h08

La directrice de la Bibliothèque de littérature ukrainienne à Moscou, Natalia Charina, a été condamnée, lundi 5 juin, à quatre ans de prison avec sursis pour "extrémisme" par le tribunal Mechtchanski de Moscou.
 
Arrêtée et assignée à résidence depuis le 28 octobre 2015, Natalia Charina est accusée d’avoir incité à la haine raciale en diffusant de la "littérature extrémiste" via sa bibliothèque et d’avoir détourné plus de deux millions de roubles (soit environ 34000 euros).
 
"Je ne comprends pas ce jugement […] Il est irréel", a déclaré Natalia Charina, en qualifiant auprès de l’AFP ce procès de "politiquement motivé". Elle souligne qu’"aucun des livres mentionnés n’était dans notre salle de lecture ou dans nos stocks". Selon le Comité d’enquête russe, Natalia Charina diffusait depuis 2011 auprès des lecteurs des livres de Dmytro Kortchinsky, "reconnus par la justice comme ayant un contenu extrémiste et dont la diffusion est interdite" en Russie.
 
Son avocat Ivan Pavlov a affirmé que ces ouvrages ne portaient pas de tampon confirmant leur appartenance à la bibliothèque et pouvaient y avoir été déposés par quelqu’un "à dessein". À l’issue du procès, l’avocat a annoncé son intention de faire appel et de faire remonter ce cas jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg.

"Parodie de justice"
 
Amnesty International dénonce, dans un communiqué, le procès comme "une parodie de justice" qui "témoigne d’un mépris flagrant pour l’état de droit et met en lumière les failles dans l’indépendance du système judiciaire en Russie".
 
Cette condamnation intervient sur fond de tensions persistantes entre Moscou et Kiev, depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Selon le New York Times, la bibliothèque, qui possède un fonds de plus de 25 000 ouvrages ukrainiens, est la cible des autorités russes à chaque fois que les relations entre les deux pays se dégradent.

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