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Un coût social et environnemental trop élevé pour l'édition française

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Un coût social et environnemental trop élevé pour l'édition française

Le Bureau d’Analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic) a publié ce mardi 12 septembre une étude sur les impacts sociaux et environnementaux de l’édition en France. Clair et impactant, le rapport invite les acteurs du monde du livre et la société civile à une réflexion sur un modèle économique et des pratiques durables.

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Par Léopoldine Leblanc,
Créé le 12.09.2017 à 20h00

"Pour chaque euro de bénéfice généré par l’édition d’un roman en France, il existe un coût caché environnemental et social de 75 centimes", annonce le Bureau d’Analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic) dans l’article en ligne qui annonce la publication de leur nouvelle étude ce mardi 12 septembre. Intitulée "Un livre français: Evolutions et impacts de l’édition en France", l’étude s’attelle à décrypter les impacts sociaux et environnementaux des filières de production du papier et du livre.
 
"Le paradoxe du secteur du livre: en crise et en surproduction"
 
Parmi les chiffres les plus frappants figure celui de 142 millions de livres pilonnés en 2015 sans jamais avoir été lus, soit 20 à 25% de la production annuelle. Les données récoltées par le Basic dénoncent un modèle économique en surproduction qui favorise le gaspillage. Porté depuis les années 1980 par des logiques de financiarisation, le monde du livre subit les conséquences de politiques de concentrations destructrices en matière de diversité d’offre éditoriale et d’emplois. "Les librairies ont perdu quasiment 10% de leurs effectifs salariés estimés entre 2009 et 2014", rapporte l’étude. De même, l’édition est frappée d’une perte d’"un peu plus de 1200 salariés en 5 ans, soit 8,7% de l’effectif".
 
Les filières de production du livre en "désintégrations industrielles"
 
Il ressort de l’étude du Basic que les secteurs de l’industrie papetière et de l’imprimerie sont fortement impactés par des processus de "désintégrations industrielles". Avec 1 emploi sur 3 disparu depuis 2000, l’industrie papetière est en France "le 3e secteur frappé par les destructions d’emplois après le textile et l’extractif". Pour appuyer son propos, le rapport fournit un exemple détaillé du Brésil, "fournisseur mondial et ultra-compétitif" et "premier exportateur de pâte à papier vers la France".
 
Parallèlement, l’étude dépeint l’imprimerie française de plus en plus fragilisée par les délocalisations. En 2015, ce secteur "très capitalistique et intensif en main-d’œuvre" a vu "25 à 40% des titres vendus en France imprimés à l’étranger". La concurrence des imprimeurs se situe du côté des pays d’Europe de l’Est (Pologne, République Tchèque et Roumanie), plus particulièrement pour les livres dits "noirs": "Le nombre des titres déposés en France ayant été imprimés en Europe de l’Est a été multiplié par 2,5 entre 2009 et 2013", explique le rapport.

Les recommandations finales de l’étude se tournent vers une remise en cause du système de production et le besoin urgent de "livres éco-conçus", "avec des coûts sociaux et environnementaux diminués". Plusieurs solutions existent déjà: encres végétales, papiers moins consommateurs de ressources, soutien public au recyclage en France. Autant de pistes à explorer dans "une dynamique collective" selon le Basic.

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