22 août > Essai France > Johan Faerber

Hormis P.O.L, Minuit et Verdier, point de salut! La littérature française de l’après, celle de la page noire, celle du contemporain, serait là et pas ailleurs. Les Rufin, Dugain, Tesson, Binet, Chambaz, Khadra, Houellebecq, Jablonka ou Carrère, pourtant auteur P.O.L, peuvent aller se rhabiller. "La liste pourrait encore s’allonger de ces fictions où la modernité est un prurit qui démange d’un orgueil compassé toute phrase." Le ton est donné, un rien sentencieux, un peu manifeste, quelquefois abscons, mais toujours à la recherche d’autres formes, d’autres concepts.

Auteur d’une thèse sur l’"Esthétique baroque du nouveau roman", Johan Faerber est enseignant et dirige la collection "Classiques & Cie. Lycée" chez Hatier. Pour ce cofondateur du magazine Diacritik, "la littérature contemporaine n’existe pas" parce qu’on ne voit pas le contemporain. "Ecrire aujourd’hui, c’est écrire dans un grand Après." Ces post-écrivains, il les voit du côté de Nathalie Quintane, souvent citée, Olivier Cadiot, Camille de Toledo, Laurent Mauvignier, Tanguy Viel, David Bosc et quelques autres.

"Contre les litanies désastrées et attardées des Millet, Todorov et Compagnon, il existe, dans le geste de créer le contemporain et depuis son sursaut critique, une épaisseur sémantique sinon une chance philosophique de trouver le nom dans une époque éparpillée de multiples."

Cette transition s’opère pour lui autour de l’Aufhebung hégélien qui consiste à dépasser un point de vue sans le réfuter, à maintenir tout en mettant un terme à quelque chose. Cette nouvelle littérature commencerait donc sans savoir qu’elle finit, tout en recommençant quelque chose. Pas simple… En tout cas, pour en finir avec la fin de la littérature, Johan Faerber n’y va pas avec le dos de la cuiller, même avec quelques totems apaisants comme Michon et Echenoz. Il ne se veut pas Cassandre, mais il "casse" pas mal les auteurs installés, lui qui n’envisage l’avenir littéraire que dans le mouvement.

Au-delà des jugements à l’emporte-pièce, on apprécie l’analyse des textes et la connaissance de cette nouvelle génération d’auteurs. D’autant que cette charge s’achève sur un éloge de cette post-littérature française qui vient à la manière d’un petit guide militant. L. L.

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