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Quand les libraires font site commun

Affiches, signets, catalogues ou protège-livres accompagnent le lancement de Librairies-paysdelaloire.fr. - Photo Benjamin Reverdy

Quand les libraires font site commun

Si leur audience peine à décoller, les sites régionaux marchands mutualisés, dont le dernier en date vient d’ouvrir dans les Pays de la Loire, se révèlent des outils appréciés des libraires.

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Par Cécile Charonnat,
Créé le 02.12.2016 à 00h32 ,
Mis à jour le 02.12.2016 à 10h10

C’est le dernier-né des sites Internet régionaux marchands portés par une association de libraires indépendants. Le 22 novembre, l’Association des librairies indépendantes en Pays de la Loire (Alip) a porté sur les fonts baptismaux sa plateforme, Librairies-paysdelaloire.fr. Rassemblant 18 adhérents, sur la quarantaine que compte l’association, le site fonctionne comme ses cousins rhônalpins (Chez-mon-libraire.fr) ou aquitains (Librairiesatlantiques.com) (1). Marque blanche de Place des libraires (Tite-Live), il propose un système de géolocalisation, de commande et de retrait de livres en magasin, et relaie les coups de cœur, animations et événements organisés en librairie.

Un pari ambitieux

Conçue "à la demande des libraires", assure Delphine Ripoche, déléguée de l’Alip, la plateforme a pour premier objectif, comme ses aînés, "de doter les librairies d’outils modernes et clés en main de vente en ligne et du numérique". Autre but visé : "élargir leur visibilité et leur audience sur le territoire". Un pari qui paraît toutefois ambitieux alors que les consommateurs ont acquis des habitudes ancrées sur de grands sites nationaux. Lancés quasiment simultanément, en novembre 2014, Chez-mon-libraire.fr et Librairiesatlantiques.com enregistrent des résultats contrastés. Pour 2016, avec 38 adhérents, la plateforme d’Aquitaine, que rejoindront en 2017 les libraires du Limousin et de Poitou-Charentes, affiche 27 500 connexions, 140 000 pages vues et 12 000 utilisateurs parmi lesquels 725 clients qui ont réservé 1 100 livres. Bénéficiant, comme Parislibrairies.fr, d’un nombre d’adhérents plus fourni, 86, Chez-mon-libraire.fr compte sur la même période 150 000 connexions, retient 90 000 utilisateurs, engrange 10 000 paniers de commande et dégage 150 000 euros de chiffre d’affaires. "Certes, nous ne rivalisons pas avec Amazon et ses millions de visiteurs uniques, reconnaît Marion Baudouin, déléguée de l’association Libraires en Rhône-Alpes. Mais ce n’est pas notre but. Nous sommes avant tout dans une démarche de service supplémentaire offert aux clients."

Cherchant malgré tout à dynamiser l’audience de leur portail, notamment au-delà de la clientèle des librairies, les associations engagent régulièrement des campagnes de promotion qui engendrent "des pics de fréquentation", constate Romane Camus Cherruau, chargée de coordination pour les Librairies atlantiques. Le slogan, "Votre libraire indépendant vous conseille de jour comme de nuit", déployé sur les réseaux sociaux et en magasin grâce à des affiches, des marque-pages et des sur-couvertures, accompagne ainsi le lancement de Librairies-paysdelaloire.fr.

Eviter l’évasion

A défaut d’être pleinement exploités par les clients, les portails régionaux se révèlent des outils précieux pour les libraires, qui apprécient de pouvoir consulter les stocks de leurs confrères et se renvoient ainsi mutuellement les lecteurs, notamment en ville. "Cela permet d’éviter l’évasion de nos clients et de les conserver dans le circuit des librairies indépendantes", observe Alix Mutte, de La Lison, à Lille. "Cette mutualisation intelligente et rationnelle nous conduit à tenir un discours de coopération et de proximité qu’ils apprécientet qui valorise notre métier", ajoute Emmanuelle Andrieux, créatrice en mars 2016 du Vent délire à Capbreton. En offrant la consultation de leurs stocks, les libraires répondent également à cette nouvelle pratique de consommation qui consiste à se renseigner sur Internet avant de se déplacer en magasin. Des éléments qui font finalement des portails régionaux des outils "dont on ne peut plus se passer", tranche, à l’instar de ses confrères, Emmanuelle Andrieux. Même s’ils sont parfois difficiles à faire rayonner, ils "font sens, confirme Marion Baudouin. En raison de leur échelle régionale, les libraires s’en emparent et en deviennent des acteurs actifs, avant, pourquoi pas, de passer à l’échelon national".

(1) Voir LH 1020 du 28.11.2014, p. 36.

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