Les cartes semblent rebattues dans l’édition de manga, qui a renoué en 2015 avec la croissance (+ 8 % selon GFK) après cinq ans de baisse du marché. Indice possible du renouveau du secteur, les deux séries éditées par Shueisha qui ont réalisé les meilleurs démarrages au Japon n’ont pas été acquises par un des trois leaders français (Glénat, Pika ou Kana), mais par deux challengers : Kurokawa qui s’est vu attribuer One punch man tandis que Ki-oon a pu acheter My hero academia, qui serait le "nouveau Naruto". Par ailleurs, chez les divers acteurs du secteur, la fin de 2015 a été marquée par des bouleversements au niveau des directions éditoriales, ce qui aura pour conséquence d’infléchir les lignes de ces éditeurs. Kim Bedenne, directrice éditoriale de Pika, est retournée au Japon pour ouvrir le bureau de Ki-oon à Tokyo. Mehdi Benrabah qui était chez Kazé l’a remplacée, tandis que Pierre Valls, ex-directeur éditorial de Pika arrivé chez Delcourt manga fin 2013, a pris sa suite à la tête du département livres de Viz media. Enfin, Stéphane Ferrand, qui a quitté Glénat à la rentrée, est remplacé par Satoko Inaba, dans la maison depuis sept ans.

Le marché a donc muté et redémarre en ayant mûri avec moins de blockbusters, l’émergence de plus de séries de milieu de gamme et une proposition éditoriale transformée. "A l’approche de la fin de Naruto, nous sommes finalement parvenus à endiguer la baisse du marché", analyse Grégoire Hellot, directeur de collection chez Kurokawa, annonce une progression de 13,6 % et a su réorienter sa ligne depuis l’arrêt du hit de la maison Fullmetal alchemist. "La première génération de lecteurs de mangas va désormais sur sa trentaine-quarantaine, et consomme moins de mangas qu’auparavant. Ils sont par contre plus exigeants et souhaitent des mangas originaux et moins longs." Cette évolution du lectorat se traduit par la montée en puissance du seinen, le manga destiné à un public plus adulte, qui représente un quart des 50 séries les plus vendues en 2015 selon GFK. Les trois leaders du marché ne s’y trompent pas. A + 12 % sur 2015 selon Jean Paciulli, Glénat, qui bénéficie toujours du phénomène One piece malgré une légère baisse du niveau global, se rattrape notamment grâce au seinen Tokyo ghoul. Kana, qui fêtera ses 20 ans en 2016, va développer cet axe tout en préparant la publication du 72e et dernier tome de Naruto annoncé en novembre. Quant à Pika, qui chiffre sa croissance à 20 % en 2015 grâce à L’attaque des titans (400 000 volumes vendus dans l’année), il publie dans la collection "Pika seinen" le spin off L’attaque des titans : junior high school.

22.01 2016

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