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Michel Lanneau : le nouveau visage d’Electre

Au centre, Denis Mollat, président du Cercle de la librairie, et, à droite, Michel Lanneau, directeur général d’Electre, entourés des directeurs exécutifs de l’entreprise : (de g. à d.) Fabrice Piault, rédacteur en chef de Livres Hebdo ; Catherine Calvet, secrétaire générale ; Christophe Chmiel, directeur data services electre.com, et François Rossignol, directeur marketing et commercial de Livres Hebdo. Absent de la photo : Pascal Fouché, directeur des Editions du Cercle de la librairie. - Photo photo olivier dion

Michel Lanneau : le nouveau visage d’Electre

Huit mois après sa prise de fonction, le directeur général de la société d’information et de services professionnels propriétaire d’electre.com, de Livres Hebdo et des Editions du Cercle de la librairie explique sa réorganisation et ses nouvelles orientations.

Par Fabrice Piault,
Créé le 15.02.2018 à 19h37

Nommé le 16 mai 2017 directeur général d’Electre (1), Michel Lanneau s’est attelé dans des délais courts à remettre en mouvement l’entreprise et engager sa transformation. Electre a trois principales activités : elle produit des services de données bibliographiques et commerciales sous la marque electre.com, de l’information et des services professionnels autour de Livres Hebdo et des ouvrages professionnels et patrimoniaux à l’enseigne des Editions du Cercle de la librairie (ECL). "C’est la filiale du Cercle de la librairie, syndicat professionnel réunissant les métiers du livre, rappelle-t-il. C’est une entreprise commerciale privée délégataire d’activités interprofessionnelles visant à faciliter et amplifier la distribution du livre sur l’ensemble de la chaîne et à permettre le catalogage et l’accès aux livres dans les lieux de leur commercialisation ou de consultation, qu’ils soient physiques ou digitaux."

Le mandat de Michel Lanneau s’articule autour de trois axes : "restaurer les performances économiques de l’entreprise, qui s’érodaient depuis quelques années ; réorienter l’ensemble des services vers les besoins des clients, qui ont sensiblement évolué ; et réengager Electre dans la réalisation de projets innovants utiles à l’interprofession".

Pour Michel Lanneau, les marques et les services rendus par Electre ont des fondamentaux solides. Mais "les attentes et les usages des clients, le paysage de la distribution du livre et les nouvelles technologies ont changé la topographie de l’écosystème. L’entreprise, dont le marché s’est dérégulé avec la révolution de l’open data et l’émergence d’alternatives low cost, s’était peu adaptée aux nouvelles demandes. Ce bon voilier avec un bon équipage n’a pas ajusté assez rapidement son cap alors que le vent avait tourné et que ses voiles, insuffisamment bordées, s’étaient mises à faseyer. Si ces évolutions du marché ont fragilisé l’entreprise, elles apportent aussi une formidable opportunité car, dans un monde foisonnant et volatil, la présence d’un tiers de confiance comme le Cercle de la librairie, de marques de référence comme electre.com et Livres Hebdo, rompus à la grammaire de l’industrie du livre, est plus que jamais structurante. Avec quelque 75 000 nouvelles références éditoriales par an, peu d’acteurs sont capables d’investir avec constance pour maintenir des référentiels complexes, développer des moteurs de recherche rapides et pertinents, apprécier les tendances des marchés, analyser avec recul les transformations de notre écosystème voire constituer une alternative aux fake news. C’est précisément ce que recherchent nos clients."

 

Offres tarifaires plus flexibles

Désormais, pour gagner en compétitivité et faciliter l’innovation, "Electre digitalise l’ensemble de ses processus métiers. Cela doit nous permettre de remplacer une offre généraliste visant un public supposé homogène par des offres segmentées en ayant une politique de bouquet de services." Parallèlement, "nous devons rendre nos contenus plus spécifiques car les besoins des libraires, des éditeurs, des bibliothécaires ou encore de médias sont aujourd’hui plus différenciés. Au premier semestre, nous rendrons nos offres tarifaires plus flexibles et encore plus accessibles avec un objectif clair : amplifier la diffusion de l’ensemble de nos services et les inscrire davantage dans les écosystèmes de nos clients, notamment numériques. Electre doit ainsi s’intégrer dans les systèmes de gestion, en passant à une logique de widgets, commercialiser des services spécifiques pour être plus pertinent. De même, Livres Hebdo doit non seulement être accessible sur tous les supports, notamment mobiles, mais aussi dans les intranets de ses abonnés ; les collections éditoriales et patrimoniales d’ECL seront digitalisées et accessibles sur les plateformes."

Pour le directeur général d’Electre, "tout cela est possible parce que nos services sont de grande qualité et nos équipes d’un grand professionnalisme : des journalistes avec une forte éthique, des bibliographes pointus, des équipes commerciales engagées aux côtés des clients. Ce sont les compétences technologiques qu’il faut renforcer. Electre les a beaucoup sous-traitées. La réalisation de notre plan de transformation passe par leur intégration au cœur de l’entreprise : nous sommes un opérateur de contenus et de data." A la fin de 2017, Michel Lanneau a réorganisé l’entreprise autour de ses trois marques phares "pour que les équipes en charge de chacune d’elles soient pleinement autonomes et responsables". "L’organisation précédente, qui regroupait dans une même direction commerciale les trois marques, a trouvé ses limites car les attentes des clients d’Electre et de ceux de Livres Hebdo sont différentes. Electre évolue dans un monde de big data et de services informatiques quand Livres Hebdo se situe dans celui des médias", précise-t-il.

Digitalisation

Désormais, "Electre a vocation à se transformer en opérateur au service de l’industrie du livre avec des bouquets de services, une coordination avec les SSII, des données bibliographiques qui s’enrichiront d’autres données. Livres Hebdo doit se développer non seulement comme magazine print et web, présent sur les réseaux sociaux, mais aussi exploiter sa marque dans une politique d’événements interprofessionnels, de prestations de services pour accompagner les éditeurs dans leurs lancements, soutenir la surdiffusion et proposer de la formation comme le font tous les médias. La digitalisation d’ECL et l’usage de l’impression à la demande permettront de créer des contenus spécifiques en lien avec l’évolution des métiers du livre."

Pour cela, deux nouveaux managers ont rejoint l’équipe de direction. "Christophe Chmiel, en charge de l’activité data service (production, marketing opérationnel, diffusion), nous apporte son expérience acquise dans des grands groupes IT et des agences digitales. François Rossignol rejoint Electre comme directeur commercial et marketing de Livres Hebdo avec pour mission, aux côtés de Fabrice Piault, d’accompagner sa transformation en pôle média de référence du monde du livre, présent sur tous les canaux avec des services et une politique événementielle."

Plusieurs de ces chantiers de transformation déboucheront cette année. "Livres Hebdo va se doter d’ici à septembre d’un nouveau CMS [système de gestion rédactionnel, NDLR] facilitant la diffusion multicanaux de ses contenus. Ce sera l’occasion de revoir la maquette du magazine et de le découpler de son supplément bibliographique "Les livres de la semaine", qui sera enrichi de nouveaux services numériques. Nous reverrons notre politique d’abonnement, avec un couplage papier-numérique et une intégration dans les intranets de nos abonnés. Côté Electre, nous réinternaliserons le développement de nos logiciels de production de données et proposerons de la formation aux éditeurs autour de la norme Onix v3, référence internationale en matière de données bibliographiques et commerciales, de manière à limiter le recours au "livre en main" encore trop prépondérant dans le traitement des données. Nous travaillerons sur ces sujets en partenariat avec nos confrères allemands et anglais, le groupe de travail international EDItEUR et naturellement Dilicom. Une politique de partenariat avec les SSII pour une plus grande interopérabilité permettra à nos clients une utilisation de nos services partout où ils leur sont utiles : portail, logiciel de gestion, sites marchands, transactions commerciales."

Par ailleurs, explique Michel Lanneau, "le SNE a mandaté le Cercle de la librairie et Dilicom pour préciser les conditions de création d’une plateforme de collecte des données de vente ["booktracking", NDLR]. Je me réjouis que nous puissions ainsi reprendre le leadership dans le développement de projets interprofessionnels innovants, comme le Cercle de la librairie l’a déjà fait, sous l’impulsion de Denis Mollat, dans la promotion des normes bibliographiques internationales. La position assez unique du Cercle comme tiers de confiance de l’interprofession l’autorise." Dans le même esprit, le directeur général d’Electre caresse le projet de "créer dans nos locaux un espace de rencontre de l’interprofession, avec un auditorium qui constituerait un nouvel outil pour Livres Hebdo dans sa mission de donner la parole au livre."

(1) Voir "Electre : Michel Lanneau, directeur général", LH 1130, du 19 mai 2017, p. 40.

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