avant-portrait > Bruno Pellegrino

Bruno Pellegrino appartient à la talentueuse jeune garde des lettres romandes. La littérature, ce garçon posé de 29 ans est tombé dedans à l’adolescence. Depuis, il l’étudie, la pratique, les deux activités s’entrelacent. Depuis mars, il a un contrat avec l’université de Lausanne où il a fait ses études de lettres, consacrant notamment une recherche à l’éditeur Bertil Galland, et a intégré l’équipe chargée de l’édition des œuvres complètes du grand poète et photographe suisse romand Gustave Roud (1897-1976). Une suite fortuite mais logique puisque Là-bas, août est un mois d’automne, son premier roman sur lequel il a travaillé pendant quatre ans, s’inspire de la vie de l’écrivain et de sa sœur Madeleine (1893-1971), dans la maison de Carrouge dans le canton de Vaud, où ils ont habité ensemble jusqu’à leur mort.

C’est pendant ses études dans le cours d’introduction à la littérature romande dispensé par Daniel Maggetti, l’un des spécialistes de Roud, et par ses livres de photos, que Bruno Pellegrino a découvert l’œuvre de l’auteur de Campagne perdue (1972). "Et j’ai grandi à Poliez-Pittet, un village à une quinzaine de kilomètres de Lausanne, tout près de Carrouge", précise-t-il. Un décor familier et exotique à la fois puisque "tout a changé" en un demi-siècle. Il se met alors à lire tout ce qu’il peut, la poésie, le journal. Il a accès, grâce à son professeur, aux lettres et à des archives inédites. "Mais c’est quand j’ai découvert Madeleine que j’ai eu envie de sortir du cadre académique." Loin du biopic, le roman offre une variation sensorielle autour de la relation entre le frère et la sœur, et épouse avec grâce le rythme de leur univers clos.

Collectivisation du texte

Bruno Pellegrino appartient à cette génération qui peut passer et repasser du terroir au vaste monde. Local et global. Son premier récit, Atlas nègre, publié en 2015, était une sorte de carnet de voyage. Connecté et déconnecté. En mode solo et en équipe. D’ailleurs, il cosigne avec deux amis, Aude Seigne et Daniel Vuataz, Stand-by, une série romanesque dont les quatre premiers titres de la saison 1 paraîtront en 2018. Sur une proposition de l’éditrice Caroline Coutau, qui souhaitait une forme de feuilleton mais leur a laissé carte blanche pour le sujet, les trois trentenaires ont imaginé les aventures de plusieurs personnages confrontés aux conséquences d’une éruption volcanique qui paralyse le trafic aérien.

Comment écrit-on à six mains ? "On a organisé un tournus", précise Bruno Pellegrino. Pour les non-Suisses, comprendre une répartition tournante des rôles à chaque étape du projet : élaboration des profils, préscénario, rédaction des chapitres, réécriture avec "interventionnisme aigu" de chacun. Confiance et rigueur requises. Mais les trois complices avaient déjà expérimenté, notamment dans l’écriture de Vivre près des tilleuls (Flammarion, 2016), ce stimulant "principe de collectivisation du texte", dans le cadre de l’Association des jeunes auteurs romands dont ils sont membres. Bruno Pellegrino aime la complémentarité de ces deux pratiques : "Le collectif me permet la fiction."

Véronique Rossignol

Là-bas, août est un mois d’automne de Bruno Pellegrino, Zoé. Prix : 17 euros, 224 p. Sortie le 4 janvier. ISBN : 978-2-88927-507-6

Stand-by. Saison 1, épisode 1 de Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, Zoé, dessins de Frédéric Pajak. Prix : 13,50 euros, 176 p. Sortie le 4 janvier. ISBN : 978-2-88927-461-1

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