Marché de la poésie

Libraires et bibliothécaires s'interrogent sur la place du livre de poésie

Les intervenants de la table ronde "La place du livre de poésie en librairie et e bibliothèque" au 35e Marché de la poésie - Photo Isabel Contreras/Livres Hebdo

Libraires et bibliothécaires s'interrogent sur la place du livre de poésie

Le décloisonnement du genre et les stratégies pour lui attirer des lecteurs se sont trouvés au cœur du débat professionnel organisé, vendredi 9 juin à Paris, dans le cadre du 35e marché de la poésie.

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Par Isabel Contreras,
Créé le 11.06.2017 à 20h31

Sur la scène principale du 35e marché de la poésie, place Saint-Sulpice, à Paris, deux libraires et deux bibliothécaires ont débattu, vendredi 9 juin, pendant près d'une heure et demie, de la place du livre de poésie dans leurs rayons.

La poésie et le théâtre ne représentent ensemble que 0,3 % du chiffre d’affaires de l’édition, à un peu moins de 7 millions d’euros pour 1,9 million de volumes vendus, selon les statistiques du Syndicat national de l'édition pour 2015. Mais la poésie "trouve toujours sa place", assure Olivier Renault de l'Arbre à lettres, à Paris. Dans sa librairie située à Denfert-Rochereau, dans le XIVe arrondissement, il accompagne "en douceur" ce genre cher aux lecteurs "qui aiment fouiller dans une pile de recueils, dans un désordre organisé", observe-t-il. "Une pile" qui se trouvait il y a quelques années au fonds de son établissement et qui s'est "avancée progressivement vers l'entrée".

Il en va de même dans la librairie l'Atelier, de Natacha de la Simone, située dans le XXe arrondissement. "Notre fonds est composé de 1500 volumes soit 5% du stock total", précise la libraire. Le débat ne porte donc pas sur la place (géographique) accordée à la poésie, mais sur la promotion dédiée au genre.  

"Il faut qu'on garde notre rayon de poésie à l'esprit et qu'on pense à le mettre en avant", explique Olivier Renault. "C'est à nous de trouver des petits détours de langage pour amener le client à la poésie. On leur dit : n'ayez pas peur mais je vais vous conseiller un recueil. Il faut donc essayer de créer une familiarité avec ce genre", poursuit Natacha de la Simone. 

"Désir de transmission"

Dans les médiathèques, la promotion de la poésie passe par les actions culturelles. Valérie Rouxel, directrice de la méditahèque départementale de Seine-et-Marne, élabore des actions avec son équipe auprès de collégiens et accueille des auteurs de poésie en résidence, 10 mois par an. "On lit beaucoup en amont et on choisit des auteurs et des univers d'auteurs qu'on a envie de partager sur la durée. On présente des textes et des auteurs aux collégiens sans parfois leur dire qu'il s'agit de la poésie. Et finalement ces jeunes adolescents entrent dans ces univers et ne se posent pas vraiment la question de savoir si c'est de la poésie ou pas", déclare-t-elle. En décloisonnant le genre, "on mène aussi une action auprès des enseignants et des autres bibliothécaires qu'il faut parfois convaincre" pour transmettre de la poésie. "Nous faisons de l'entrisme", ajoute de son côté Pascal Leray, conservateur à la médiathèque parisienne Hector Berlioz.

La poésie relève-t-elle du militantisme ? La réponse des quatre intervenants est catégorique. "Non, il ne faut pas voir la poésie comme une cause mais comme une histoire de désir de transmission", estime Olivier Reynault. "Il faut défendre des oeuvres de qualité qui sont peu médiatisées. Après tout, d'après la charte universelle de l'Unesco, nous avons vocation à ouvrir le champ culturel au plus grand nombre", souligne Valérie Rouxel. 

 

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