31 août > roman Grèce

"L’Art ce n’est pas que dire mais comment le dire." Telle est l’une des préoccupations d’Ersi Sotiropoulos, poète et esthète grecque (Zigzag dans les orangers, Maurice Nadeau, 2003). Elle est au cœur de son nouveau roman, Ce qui reste de la nuit. On y suit Constantin Cavafy, un trentenaire chancelant qui vit dans l’ombre de son grand frère. Ce dernier est perçu comme le poète de la famille, un titre auquel rêve aussi le benjamin. Alors qu’il rejoint son aîné à Paris, il analyse cette prose qu’il n’ose exprimer. Comme si elle était entravée par ses doutes et ses désirs interdits pour les hommes. Après l’extase, il éprouve de l’amertume. Il pratique une sexualité peu approuvée en cette année 1897. La capitale française permet toutefois à Constantin de s’ouvrir à d’autres mondes. Plusieurs rencontres jalonnent son parcours, sur les traces d’un lieu parisien énigmatique, l’Arche. Lui, qui étouffe dans le carcan de son corps et de son milieu, est émerveillé par cette "culture foisonnante, dont chaque recoin évoquait un passé grandiose". Le présent est néanmoins hanté par l’affaire Dreyfus. La France est déchirée, mais le héros observe tout cela avec distance. Habité par ses propres tourments, il tente de cerner sa soif d’absolu littéraire. Ersi Sotiropoulos aime les âmes en peine. Celles qui se cherchent dans la nuit de leur vie, comme Eva, l’héroïne de son précédent roman. Cette fois, elle scrute un homme confus qui se confie sur les affres et la passion de la création.

K. E.

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