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Les Médicis 2017 pour Yannick Haenel, Paolo Cognetti et Shulem Deen

Yannick Haenel - Photo Photo Olivier Dion

Les Médicis 2017 pour Yannick Haenel, Paolo Cognetti et Shulem Deen

Finaliste malheureux du prix Goncourt, Yannick Haenel a été récompensé par le prix Médicis, jeudi 9 novembre, pour son roman Tiens ferme ta couronne (Gallimard).

Par Vincy Thomas,
Isabel Contreras,
Cécilia Lacour,
Créé le 26.01.2018 à 12h53

Le jury du prix Médicis a couronné, jeudi 9 novembre au restaurant La Méditerranée, les auteurs Yannick Haenel, Paolo Cognetti et Shulem Deen.

Tiens ferme ta couronne, de Yannick Haenel, publié en août dernier chez Gallimard dans la collection "L'infini", a reçu le prix Médicis dans la catégorie roman français au 4ème tour par 5 voix contre 1 pour François-Henri Désérable avec Un certain M. Pikielny, également paru chez Gallimard.

Venu recevoir son prix, Yannick Haenel a dédié son prix à sa "grande amie" Anne Wiazemsky, ancienne jurée du Médicis qui est décédée en octobre dernier à 70 ans des suites d'un cancer. "Comme mon livre porte les noces entre le cinéma et la littérature, s'il y a bien quelqu'un qui l'a incarné merveilleusement c'est elle, c'est Anne Wiazemsky", a-t-il déclaré.
 
Finaliste du Goncourt et du Grand prix du roman de l'Académie française, le roman relate l’histoire d’un homme, auteur d’un scénario sur la vie d'Herman Melville dont aucun producteur ne veut, qui rencontre à New York le célèbre cinéaste Michael Cimino, réalisateur du Voyage au bout de l'enfer et de La porte du paradis. S'ensuit une série d'aventures rocambolesques au cours desquelles il croise la route d'Isabelle Huppert, d'un dalmatien nommé Sabbat, d'un voisin démoniaque et d’un agressif maître d’hôtel sosie d’Emmanuel Macron.
 
Tiens ferme ta couronne est un roman "polyphonique, complexe et curieusement joyeux", selon Olivier Mony, dans son avant-critique publiée le 19 mai dans Livres Hebdo n°1130.
 
Cofondateur de la revue littéraire Ligne de risque et chroniqueur pour le magazine de littérature et de cinéma Transfuge et à Charlie Hebdo, Yannick Haenel est l’auteur de dix ouvrages dont sept romans. Il a été récompensé par le prix Décembre 2007 pour Cercle (Gallimard), et par le prix du roman Fnac et par le prix Interallié, en 2009, pour Jan Karski (Gallimard).
 
Paolo Cognetti- Photo R. ROBERTO
Dans la catégorie roman étranger, le jury a distingué Les huit montagnes de Paolo Cognetti, traduit de l'italien par Anita Rochedy (Stock). Prix Strega et prix Strega Giovani au printemps dernier en Italie, le roman, paru en août, relate l'histoire de Pietro, 11 ans, un jeune garçon solitaire. Il vit à Milan avec sa mère, qui travaille dans une clinique en banlieue, et son père, chimiste. Des parents unis par une passion commune, fondatrice : les montagnes, où ils se sont rencontrés et mariés. Le jeune garçon passe ses vacances d'été à Grana, un village dans le Val d'Aoste, où il rencontre Bruno, un jeune vacher, et parcourt avec lui les paysages du Grenon. Commence alors un été d'exploration et de découverte parmi les maisons abandonnées et les sentiers secrets de la montagne.

Paolo Cognetti, également présent au Méditerannée, s'est dit "très honoré" par ce prix "qui a été attribué pour la dernière fois, il y a 22 ans, à un italien, Alessandro Baricco, un auteur que j'admire énormément".

Dans son avant-critique parue le 26 mai (Livres Hebdo n°1131), Véronique Rossignol écrivait: "Le récit de Paolo Cognetti, d’une limpidité de glacier, avance dans un espace mélancolique et éternel, comme les neiges d’altitude." C'est le troisième roman de l'auteur publié en France après Sofia s'habille toujours en noir (Liana Levi) et Le garçon sauvage (Zoé).
 
Shulem Deen
Celui qui va vers elle ne revient pas de Shulem Deen, traduit de l'anglais par Karine Reignier-Guerre, paru aux éditions Globe (L'Ecole des loisirs), a remporté le prix Médicis de l'essai. Marié à l'âge de 18 ans à une femme choisie par sa communauté, l'auteur a vécu une vie austère encadrée par les règles strictes des skver (hassidique), qui vivent à l'écart du monde selon les coutumes des premiers Juifs. Dans cet essai publié en mars, il raconte son douloureux parcours d'émancipation lorsque sa communauté a décidé de l'exclure pour hérésie. À 43 ans, banni par les siens, il vit désormais à l'écart de sa famille, ne voyant que deux de ses cinq enfants. Créateur du blog Hasidic Rebel, l'auteur est aussi éditorialiste pour plusieurs magazines dont The Forward, Tablet et Salon.

N'ayant pas pu se déplacer à Paris, Shulem Deen a laissé le soin a son éditrice française, Valentine Gay, de remercier le jury du Médicis pour cette reconnaissance inattendue. "Ce livre est important parce qu'il parle d'intolérance, d'extrémisme et puis de ce que c'est que de se battre pour conquérir sa liberté. Il a rencontré discrétement ses lecteurs et c'est agréable parce que Shulem Deen a des choses à dire et visiblement il a été entendu", a-t-elle souligné.

En 2016, Ivan Jablonka (Laëtitia ou la fin des hommes, Seuil), Jacques Henric (Boxe, Seuil) et Steve Sem-Sandberg (Les élus, Robert Laffont) ont respectivement remporté le prix Médicis du roman français, de l'essai et du roman étranger.

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