Histoire/Israël 2 octobre Yuval Noah Harari

Poser les bonnes questions, c'est déjà envisager les bonnes réponses. On ne pourra pas taxer Yuval Noah Harari de manquer de discernement dans la manière de choisir ses sujets. L'historien (université hébraïque de Jérusalem), qui s'est installé en France dans les listes des meilleures ventes depuis 2015 avec Sapiens (443 000 ex. selon GFK) et depuis 2017 avec Homo deus (190 000 ex. selon GFK), complète sa trilogie avec ces 21 leçons pour le XXIe siècle.

Après le passé de l'espèce humaine puis son futur, il s'intéresse à son présent. « Je me concentre sur les affaires courantes et l'avenir immédiat des sociétés humaines. » A l'aune des récents bouleversements scientifiques et technologiques, le dossier n'est pas mince. Qu'en est-il des libertés si l'on considère la passion amoureuse sous l'angle de processus chimiques déterminés ? Quel est l'avenir de l'ouvrier si le travail est pris en charge par les robots ? Si nous laissons nos vies à l'intelligence artificielle, que nous reste-t-il hormis le sentiment de futilité ? Autant d'interrogations pour lesquelles l'auteur avance des solutions prudentes en considérant que la méditation sur le monde et sur nous-mêmes pourrait nous éclairer sur les choix à faire.

L'ouvrage, comme toujours très clair et plaisant à lire, fait la part belle au libéralisme, à l'intelligence artificielle et à la manière dont nous lui confions nos existences et notre avenir. Cette intelligence augmentée ne remplace pas notre capacité à nous saisir des problèmes. Elle est une aide à la décision. Mais cette foi aveugle dans les algorithmes finit par décider à notre place. C'est le cas pour les transactions financières avec les ordres d'achat et de vente.

L'historien ne manque pas d'humour lorsqu'il aborde le sujet des fausses nouvelles. « Quand un millier de gens croient une histoire inventée un mois durant, ce sont des fake news. Quand un milliard de gens y croient un millénaire, c'est une religion. » Pour lui, Homo sapiens est une espèce de post-vérité. Il a intrinsèquement besoin de croire à des fictions religieuses, morales, économiques ou historiques. Le libéralisme auquel Harari adhère en fait sans doute partie. Après la classe ouvrière, la grande désillusion du travail pourrait bien voir apparaître selon lui une nouvelle classe « inutile ». Il n'est quelquefois pas loin d'enfoncer des portes ouvertes, mais il le fait avec une telle habileté qu'on pense qu'elles étaient fermées. Il nous dit, par exemple, que les élections et les référendums ne portent pas sur ce que nous pensons, mais sur ce que nous ressentons.

Harari a raison lorsqu'il dit que « le pouvoir appartient à la clarté » dans un monde envahi d'informations, vraies ou fausses. Dans cette optique, il peut considérer détenir une partie de ce pouvoir. Sa présence sur les listes des best-sellers dans de nombreux pays en témoigne. Nous en savons bien moins que nous ne le pensons et personne ne saurait prétendre résoudre tous les grands problèmes du monde. Prévoir le futur est un exercice difficile, même avec le passé et le présent à sa disposition. Néanmoins, on peut supposer sans prendre trop de risque que ces 21 leçons sur le XXIe siècle devraient rejoindre
assez vite le rayon des succès.

Yuval Noah Harari
21 leçons pour le XXIe siècle
Albin Michel
Tirage: 400 000 EX
Prix: 23 EUR
ISBN: 9782226436030

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